Les plans de stimulation économique des différents gouvernements ont été largement conçus «à la hâte» et de manière «isolée», a déploré le président et chef de la direction de Bombardier (T.BBD.B), Pierre Beaudoin, lors d'un récent discours prononcé en Chine.

Face à la crise mondiale, les dirigeants doivent «intensifier leur coopération», a plaidé M. Beaudoin lundi dernier devant le China Development Forum, à Pékin.

Selon le grand patron de Bombardier, les plans de relance annoncés jusqu'ici sont trop centrés sur les économies nationales, alors que plusieurs secteurs industriels font fi des frontières.

«La mondialisation a produit des chaînes d'approvisionnement réellement mondiales», a-t-il souligné, en donnant l'exemple de certains avions de Bombardier, dont le fuselage peut être construit en Irlande du Nord, les ailes en Asie et les cabines de pilotage à Montréal.

«La question se pose ainsi: des programmes de relance non coordonnés et repliés sur eux-mêmes sont-ils le meilleur remède pour soigner une économie qui est fondamentalement mondiale de nature? a demandé Pierre Beaudoin. La médecine chinoise traditionnelle recommanderait de traiter la maladie dans son ensemble plutôt que seulement ses symptômes.»

L'automne dernier, pourtant, les banques centrales avaient posé les premiers gestes d'assouplissement du crédit de façon concertée, a-t-il rappelé.

M. Beaudoin a aussi incité les décideurs politiques à aller au-delà de la simple stimulation économique. À ses yeux, il faut «repenser notre modèle de croissance» en mettant l'accent sur les investissements tournés vers l'avenir, comme ceux axés sur le développement durable.

«Le défi est de faire en sorte que les programmes de stimulation économique restent centrés sur les besoins futurs légitimes, et non pas sur des éléphants blancs», a lancé le dirigeant, citant un officiel de la Banque mondiale.

Protectionnisme

Pierre Beaudoin a par ailleurs estimé qu'il subsistait de l'«incertitude» quant à savoir si la récession actuelle allait mener à une résurgence des tentations protectionnistes. À l'instar des autres participants au Forum de Pékin, il a insisté sur l'importance de ne pas emprunter cette voie.

«La crise économique actuelle nous a enseigné que le concept de découplage (selon lequel certains pays seraient épargnés par la récession mondiale) ne reflétait pas correctement l'essence de l'économie mondiale, a avancé M. Beaudoin. Au contraire, nous semblons plus interdépendants que jamais.»

Plusieurs politiciens chinois, dont le vice-premier ministre Li Keqiang, ont participé au Forum. De nombreux dirigeants d'entreprises étrangères, parmi lesquelles DuPont et HSBC, étaient également présents.

Pour Bombardier, actif depuis plusieurs années en Chine, tant dans le domaine ferroviaire qu'aéronautique, l'événement était une bonne occasion de nouer des relations d'affaires.

L'action de Bombardier a clôturé mardi à 2,94 $, en baisse de 0,7 pour cent, à la Bourse de Toronto.