La CSeries de Bombardier a éveillé l'intérêt d'un autre grand transporteur aérien européen, Scandinavian Airlines (SAS).

Dans son rapport annuel 2008, le transporteur scandinave indique que la nouvelle famille d'appareils de 110 à 140 places suscite sa curiosité, notamment parce que ces appareils devraient consommer 15% moins de carburant que les avions existants de taille similaire.

SAS prévoit acquérir environ 110 nouveaux appareils entre 2014 et 2020. Le transporteur exploite actuellement une quinzaine d'appareils Boeing 737 Classic d'un certain âge et une soixantaine d'appareils MD-80 qu'il faudra éventuellement remplacer.

 

SAS indique que ces avions pourraient être remplacés soit par des appareils existants, le Boeing 737 NG ou l'Airbus A320, soit par la CSeries, qui entrera en service en 2013. Or, le transporteur estime qu'il ne serait pas judicieux d'acquérir des appareils existants parce qu'ils ne fourniraient aucun avantage économique.

Airbus et Boeing devaient remplacer l'A320 et le Boeing 737 par des appareils de nouvelle génération dès 2015, mais cette date a glissé avec le temps et on parle maintenant de 2020. Ce qui déçoit SAS, qui s'est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20% d'ici 2020.

Dans une entrevue au site internet spécialisée Flight Global, le responsable de la flotte de SAS, Niklas Hardange, a affirmé que le transporteur considérera la CSeries si effectivement les remplaçants du 737 et de l'A320 ne prennent pas leur envol avant 2020.

SAS avait connu de sérieuses difficultés avec des appareils de Bombardier. En septembre 2007, deux appareils turbopropulsés Q400 du transporteur canadien avaient raté leur atterrissage, ce qui avait amené SAS à clouer toute sa flotte d'appareils Q400 au sol et à s'en défaire. SAS avait cependant renouvelé sa confiance envers les produits de Bombardier en mars 2008 en commandant 13 biréacteurs régionaux CRJ900 et 14 turbopropulseurs Q400.

Bombardier n'a pas voulu commenter spécifiquement l'intérêt de SAS.

«Nous discutons avec plusieurs clients potentiels, a simplement déclaré le porte-parole de Bombardier Aéronautique, Marc Duchesne. Le marché des appareils de 100 à 149 places représente 6300 appareils. Nous en visons la moitié avec la CSeries. Il y aura donc plusieurs dizaines de transporteur qui vont exploiter cet avion-là.»

Jusqu'ici, seul le transporteur allemand Lufthansa a passé une commande ferme pour des appareils de la CSeries. Le transporteur mongol Eznis a signé une lettre d'intérêt pour sept appareils alors que la société de location ILFC (International Lease Finance Corporation), Air Canada et Mexicana ont exprimé leur intérêt.

Par ailleurs, Embraer étudie toujours la possibilité de lancer un appareil qui entrerait directement en concurrence avec la CSeries.

«Nous allons continuer de faire ce que nous faisons depuis 24 mois, soit évaluer le marché et investir de façon significative dans le développement de technologie que nous pourrons utiliser, a déclaré le président et chef de la direction d'Embraer, Frederico Fleury Curado, au cours d'un appel conférence hier. Nous allons probablement conclure cette recherche stratégique au cours des prochains 18 à 24 mois et voir si nous pourrions lancer un appareil plus grand que ce que nous avons actuellement ou renouveler les appareils existants.»

M. Curado a indiqué que l'avionneur brésilien considérait plusieurs facteurs, qu'il a qualifiés de «pièces mobiles du puzzle»: la technologie existante au niveau des moteurs, l'utilisation de matériaux composites et l'environnement concurrentiel.

«Bombardier est là avec la CSeries, mais nous sommes aussi intéressés à savoir ce que planifient Airbus et Boeing, a-t-il déclaré. Ceux-ci sont des compétiteurs formidables, il faut être sûrs de ne pas entrer en compétition directe avec eux.»

Le ralentissement économique a commencé à frapper durement Embraer au quatrième trimestre de 2008. Par rapport au même trimestre de l'exercice précédent, les revenus ont diminué de trois pour cent pour atteindre près de 1,9 milliards de dollars US. Le bénéfice net a presque diminué de moitié, passant de 200,9 millions US à 111,7 millions US. Une bonne partie de cette baisse est due à une perte de 120 millions US au niveau du programme de couverture sur la devise brésilienne.

Pour l'ensemble de l'exercice 2008, le bénéfice net d'Embraer a diminué de 20% pour s'établir à 388,7 millions US.

Jeudi prochain, ce sera au tour de Bombardier de divulguer ses résultats pour l'exercice.