L'action plonge de 10%. Un analyste craint une faillite. Un autre, une vente de feu.

Les analystes sont de plus en plus nombreux à recommander la vente du titre d'Air Canada [[|ticker sym='T.AC.A'|]] en raison d'une situation financière particulièrement inconfortable. Seul Chris Murray, de Marchés mondiaux CIBC, continue à recommander l'achat du titre.

«Même si Air Canada fait face à des défis significatifs, nous croyons que les décisions prises par l'entreprise pour réduire sa capacité et diminuer les effets négatifs liés à son programme de couverture des prix du carburant devraient lui permettre d'augmenter ses revenus et ses fonds autogénérés en 2009 et les années suivantes», écrit l'analyste dans un rapport.

 

Vendredi dernier, Air Canada a divulgué une perte de 727 millions de dollars au quatrième trimestre et de plus de 1 milliard de dollars pour l'ensemble de l'exercice 2008, soit des résultats moindres que ce que les analystes attendaient. C'est ainsi que la moitié des analystes répertoriés par Bloomberg ont modifié leur recommandation à la baisse, la faisant passer de «conserver» à «vendre».

Mais ce qui inquiète surtout les analystes, c'est la situation financière d'Air Canada, et notamment ses obligations vis-à-vis du régime de retraite de ses employés. Le déficit de solvabilité de ce régime est passé de 1,2 milliard au 1er janvier 2008 à 3,2 milliards au 1er janvier 2009. Air Canada estime qu'elle devra augmenter ses contributions de 410 millions en 2009 si les règles fédérales ne changent pas. Toutefois, Ottawa a déjà fait savoir qu'il autorisera un amortissement du déficit sur une période de dix ans plutôt que de cinq, ce qui réduira la contribution supplémentaire d'Air Canada à 245 millions. Un autre assouplissement, le lissage de la valeur marchande de l'actif, devrait réduire cette contribution supplémentaire à 160 millions.

Fadi Chamoun, de la firme UBS, estime toutefois que les fonds qu'Air Canada tirera de ses activités seront insuffisants pour faire face à ces contributions additionnelles et au milliard de dollars qu'elle devra rembourser sur sa dette au cours des deux prochaines années. En outre, l'analyste indique que les institutions bancaires pourraient resserrer davantage les conditions liées aux ententes sur les cartes de crédit en 2009, ce qui obligerait Air Canada à conserver des liquidités encore plus élevées.

«En l'absence de financements additionnels (qui pourraient prendre la forme de la vente d'actifs) et d'une renégociation des conditions liées aux ententes sur les cartes de crédit, Air Canada pourrait devoir déclarer faillite», écrit M. Chamoun.

L'analyste David Newman, de la Financière Banque Nationale, estime que l'assouplissement des règles fédérales concernant les régimes de retraite et la baisse des prix du carburant aideront Air Canada, mais que ce ne sera peut-être pas suffisant.

«Nous nous attendons à ce qu'Air Canada continue à chercher des sources de liquidités traditionnelles et non traditionnelles, comme la remise d'appareils loués, la vente ou la location d'appareils qui lui appartiennent et peut-être la revente de sa commande de Boeing 787, une commande qui pourrait avoir une valeur actuelle de 1,5 à 2 milliards, écrit-il. Si les choses deviennent un peu plus désespérées, Air Canada pourrait également vendre Vacances Air Canada, ses unités de manutention au sol, des propriétés immobilières et même des créneaux à l'aéroport d'Heathrow.»

L'action de catégorie B d'Air Canada a perdu 10,3% de sa valeur hier pour clôturer à 1,30$ à la Bourse de Toronto. Il y a un an, ce titre s'échangeait à 10,74$.