Des experts de l'industrie du transport ne croient pas que les investissements en transport en commun annoncés dans le dernier budget fédéral aideront Bombardier à compenser le recul prévu dans ses activités aéronautiques.

Le transport en commun devra partager les 4 milliards $ prévus pour les infrastructures avec les routes et d'autres priorités, et seule une petite partie des investissements sera destinée à l'achat de wagons.

Via Rail recevra pour sa part 407 millions $ pour rénover ses rails et plusieurs gares.

Selon des analystes, aucune de ces mesures n'aideront l'entreprise montréalaise à affronter la tempête économique mondiale.

Comme 75 pour cent de ses revenus ferroviaires proviennent d'Europe et que son siège social se situe à Berlin, Bombardier Transport espère bénéficier des mesures de relance en Europe et dans des pays émergents à l'extérieur de l'Amérique du Nord.

Le porte-parole de l'entreprise, David Slack, a affirmé que Bombardier surveillait les initiatives fédérales pour voir si elle pourrait en profiter. «Ce pourrait être très bon pour certains fournisseurs mais pas pour nous, comme ce pourrait être le contraire», a-t-il évalué.

M. Slack a indiqué que le marché était robuste pour les projets liés au transport en commun même avant que les gouvernements du Canada et d'autres pays annoncent des mesures de relance.

Cameron Doerksen, de Partenaires Versant, a pour sa part estimé que le Canada était «presque sans conséquence» pour la division de transport de Bombardier.

M. Doerksen a affirmé que les investisseurs ne s'attendent pas à ce que Bombardier bénéficie du budget canadien.

Avec un carnet de commandes de 25,8 millions $, ou 2,5 années de travail, à la fin du dernier trimestre, Bombardier ne profiterait probablement pas de façon importante des mesures de relance, a-t-il ajouté. Tout contrat signé aujourd'hui ne générerait pas de revenus avant plusieurs années.

Bien que de nouvelles commandes de trains soient une chose positive, le marché des avions d'affaires contribue davantage à la rentabilité de Bombardier.

Les avions d'affaires représentent 27 pour cent des revenus de l'entreprise contre 50 pour cent pour le transport, mais ils rapporteraient 44 pour cent des bénéfices d'exploitation, comparativement à 35 pour cent pour le transport, a fait remarquer M. Doerksen.

Selon le président directeur général de l'Association canadienne du transport urbain, Michael Roschlau, les investissements fédéraux en infrastructures aideront à reconstruire et à renouveler les installations existantes et à appuyer les entreprises canadiennes liées aux trains, aux autobus et à l'ingénierie.

«Nous aurions préféré voir davantage d'investissements liés exclusivement au transport dans le budget», a-t-il toutefois souligné.

L'action de Bombardier a clôturé vendredi à 3,80 $ à la Bourse de Toronto, en baisse de 25 cents, soit 6 pour cent.