Apple va acquérir l'application de reconnaissance musicale Shazam, signe d'une accélération dans la musique pour le géant californien, qui veut diversifier ses sources de revenus.

Les deux groupes ont annoncé lundi à l'AFP ce rapprochement dans des déclarations distinctes mais ont chacun refusé de donner toute indication sur le prix d'acquisition.

Selon plusieurs sites spécialisés, dont TechCrunch, qui avait fait état d'un rapprochement imminent dès vendredi, le montant se situerait autour de 400 millions de dollars.

Cette opération est la confirmation des ambitions d'Apple dans l'offre musicale, un secteur de plus en plus concurrentiel et actuellement dominé par Spotify.

Pionnier sur le téléchargement musical avec iTunes, Apple a, en revanche, raté les premiers trains du streaming et n'a lancé son offre Apple Music qu'en juin 2015.

Son portefeuille d'abonnés atteint déjà 27 millions d'internautes (à fin juin), mais il se situe à bonne distance de Spotify, qui en revendique 60 millions.

La concurrence s'est encore renforcée depuis deux ans avec l'arrivée de YouTube en novembre 2015 et d'Amazon, en octobre 2016, avec Amazon Music Unlimited.

« Cette opération souligne que la bataille des groupes technologiques s'étend désormais aux services, au-delà des matériels », a commenté Neil Saunders, directeur du cabinet GlobalData Retail, spécialisé dans le commerce de détail.

« Apple Google et Amazon cherchent tous activement à bâtir du contenu et des applications susceptibles de fidéliser autour de leur marque », a ajouté l'analyste, pour qui « ce ne sera pas la dernière acquisition d'une entreprise technologique par l'un de ces géants ».

Apple s'est également lancé depuis quelques mois dans la production vidéo, de séries notamment, pour lesquelles il aurait débloqué une enveloppe d'un milliard de dollars.

Shazam contraint de s'adosser

Shazam marque une acquisition d'une taille assez conséquente pour Apple, qui a pris le contrôle de plusieurs petits acteurs technologiques ces dernières années, notamment, début 2015, la startup Semetric, spécialisée dans la mesure de la consommation de contenus en ligne, notamment musicaux.

Au-delà des contenus musicaux, le géant californien cherche à diversifier ses sources de revenus pour ne pas dépendre uniquement des ventes d'iPhone, qui tirent sa croissance depuis une décennie.

C'est dans cette optique qu'il a acheté, en mai 2014, le fabricant californien d'écouteurs stéréo Beats Electronics pour trois milliards de dollars, la plus grosse acquisition de son histoire.

Pour Apple, la firme à la pomme et Shazam « sont complémentaires ». « Nous avons des projets dans les cartons et nous sommes impatients de pouvoir nous unir à Shazam une fois approuvé l'accord d'aujourd'hui ».

Pour ce qui est de Shazam, le prix d'acquisition évoqué par plusieurs médias est sensiblement inférieur à la valorisation calculée lors des dernières collectes de fonds de l'application, en 2015, soit un milliard de dollars.

Très en avance technologiquement au lancement de son offre en 2002, d'une grande fiabilité, Shazam a vu son modèle économique mis à mal par l'avènement de la musique en flux, sans téléchargement, selon Mark Mulligan, directeur du cabinet spécialisé MIDiA, qui a publié une note lundi après l'annonce de l'opération.

Une partie importante de ses revenus provenait, en effet, des téléchargements réalisés depuis le téléphone intelligent d'un internaute qui avait identifié un morceau grâce à Shazam, sur lesquels il percevait une commission.

Mais le revenu généré par un morceau joué en streaming ne vaut que quelques centièmes de celui d'un morceau téléchargé, ce qui a réduit d'autant le chiffre d'affaires de Shazam.

« Le problème de Shazam a toujours été que c'était plus un accessoire qu'un produit », a estimé Mark Mulligan, pour qui l'acquisition par Apple « est l'une des rares manières de réaliser la valeur "cachée" de Shazam ».