Pour la deuxième fois en deux mois, le Tribunal administratif des marchés financiers a bloqué les activités de financement d'une entreprise québécoise qui hébergeait des serveurs de cryptomonnaies. 

L'Autorité des marchés financiers (AMF) affirme que Laboratoire Blockchain inc., située à Québec, ainsi que l'administrateur Jonathan Forte et deux autres personnes, Benjamin Forte et Nicolas Barbash-Bouchard, se sont adonnés à des activités de courtier en valeurs mobilières sans détenir de permis ni avoir émis de prospectus. 

Évoquant un « contexte d'urgence et en vue d'éviter qu'un préjudice irréparable ne soit causé », le juge administratif Jean-Pierre Cristel a interdit à l'entreprise de retirer les fonds qu'elle avait récoltés auprès d'une centaine d'investisseurs. Ceux-ci ont investi plusieurs milliers de dollars pour acquérir l'équipement informatique servant à « miner » des cryptomonnaies, un procédé informatique énergivore et potentiellement lucratif qui sert à valider les transactions réalisées dans ces monnaies virtuelles. 

Des profits faramineux

Selon la preuve qui a été présentée au Tribunal administratif des marchés financiers, mais que Laboratoire Blockchain n'a pas pu contester, l'entreprise recrutait les investisseurs en leur faisant miroiter des profits « faramineux » et « irréalistes » de l'ordre de 30 % par année. « Les 25 000 $ initialement investis atteindraient une valeur de 193 275 $ après quatre ans », se seraient fait promettre les inspecteurs qui ont infiltré l'entreprise. 

« L'enquête de l'Autorité n'en est qu'à ses débuts, et pourrait éventuellement révéler un nombre important d'investisseurs », affirme l'AMF dans la déclaration sous serment qui a mené à l'ordonnance de blocage. 

Les administrateurs de l'entreprise auraient assuré les investisseurs potentiels qu'ils étaient en communication régulière avec l'AMF pour s'assurer que leur prospectus « soit fait en règle ». 

Lors d'une brève discussion téléphonique avec La Presse, le PDG de Laboratoire Blockchain, Jonathan Forte, a dit être en train de travailler avec un cabinet d'avocats pour « régulariser la situation ». 

Début février, l'AMF a fait bloquer une première mine de cryptomonnaies, celle de Crypto Technologies, pour des raisons similaires. Le Tribunal avait conclu que l'investissement proposé s'apparentait à une « valeur mobilière », dont la vente nécessite l'obtention d'une licence auprès de l'AMF.