Les cinq principaux dirigeants de la Banque Laurentienne ont vu leur rémunération globale atteindre environ 9,4 millions en 2018 dans le cadre d'un exercice financier qui s'est avéré plus mouvementé qu'à l'habitude.

Il s'agit d'une croissance de près de 6 % par rapport à l'année précédente, constate-t-on dans la circulaire de sollicitation récemment envoyée aux actionnaires de l'institution financière en vue de l'assemblée annuelle prévue le 9 avril à Toronto - et non à Montréal, où se trouve son siège social.

Parallèlement au déploiement de son plan de transformation l'an dernier, la banque a été impliquée dans un bras de fer avec 1200 syndiqués qui a pris fin le 10 mars à la suite du dépôt d'une offre finale. Elle a également mené une enquête interne afin de tourner la page sur l'affaire des prêts hypothécaires problématiques vendus à des tiers - une irrégularité révélée à la fin de 2017.

La Laurentienne a généré des profits nets de 224,6 millions l'an dernier, en hausse de 9 %, alors qu'au terme de 2017, la progression du bénéfice net avait été de 36 %.

Dans le cadre de son virage amorcé en 2016, la septième banque en importance au pays - qui a l'intention d'éliminer 350 postes de plus cette année - souhaite n'offrir que des conseils dans ses succursales d'ici la fin décembre.

« Les investissements effectués dans la mise en oeuvre d'initiatives et dans le développement des plateformes de croissance produisent des résultats positifs », a fait valoir dans son message aux actionnaires la présidente du conseil d'administration, Isabelle Courville, dont le mandat achève.

Toutefois, la performance à court terme a été freinée, notamment par des niveaux plus élevés de « liquidité et de capital ».

Lundi, en fin d'après-midi, la Laurentienne n'avait pas répondu aux questions envoyées par courriel par La Presse canadienne entourant la rémunération des principaux dirigeants ainsi que des raisons entourant la décision de tenir l'assemblée annuelle à Toronto.

En 2018, la paye totale - qui combine des éléments comme le salaire de base, les primes et autres avantages - du président et chef de la direction, François Desjardins, a été de 3,6 millions, en hausse de 14,6 %. Son salaire de base a été approximativement de 595 000 $, en progression de 7 %.

Options en plus

Contrairement à 2016 et 2017, le banquier de 48 ans, qui réside à Toronto, et trois autres de ses collègues ont eu droit à l'octroi d'options d'achat d'actions. Dans le cas de M. Desjardins, le montant a été fixé à 286 641 $ pour 2018.

Le prix de levée des options est de 38,97 $, alors que lundi, à la Bourse de Toronto, l'action de la Laurentienne a clôturé à 41,62 $, en hausse de 21 cents, ou 0,51 %.

S'il a salué certains changements « importants » à la structure de rémunération à la Laurentienne, notamment en ce qui a trait à la rémunération en actions, Yvan Allaire, président-directeur du conseil d'administration de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques (IGOPP), s'est toutefois opposé à l'octroi d'options.

« Nous sommes contre les options, sauf, peut-être, dans le cas de redressement, mais je ne pense pas qu'ils peuvent invoquer cela, a-t-il expliqué. J'accepte plus ou moins leurs arguments sur cet aspect. »

La Laurentienne dit avoir introduit les options afin que la rémunération incitative à long terme soit davantage liée à la « création de valeur pour les actionnaires ».

Année payante

Au terme du dernier exercice, les patrons des six principales institutions financières au Canada - excluant la Laurentienne - ont vu leur rémunération globale s'établir à près de 72 millions, ce qui constitue une progression d'environ 2,9 % par rapport à l'année précédente.

Pour sa part, le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, a vu sa paye totale s'établir à 3 millions, en hausse de 9 %.