Avec l'ambition avouée de « bâtir les prochains Google, Shopify et CGI », la société montréalaise de capital de risque Inovia annoncera ce matin le lancement de deux nouveaux fonds équivalant à 800 millions CAN.

Le plus important disposera de 400 millions US et ouvrira un nouveau chapitre pour Inovia Capital, soit le financement d'entreprises en phase de croissance qui ne font pas partie de son sérail. Le second fonds, de 200 millions US, s'inscrit dans les activités plus classiques qui ont permis à la société fondée en 2001 de devenir un chef de file du capital de risque au Canada, soit le financement d'entreprises en démarrage.

Lightspeed POS, Luxury Retreats et Workfusion, entre autres, font partie du portefeuille d'Inovia, qui compte au total 80 entreprises ayant levé 2,8 milliards.

Croissance et sortie

Le nouveau fonds de 400 millions US pourra financer, avec des investissements initiaux de 20 à 25 millions US, des entreprises qui en sont à un stade crucial de leur développement, explique Chris Arsenault, associé directeur et cofondateur d'Inovia Capital.

« On veut pouvoir financer des entreprises qui ont le potentiel de devenir de grandes sociétés [...], qui vont avoir non seulement les moyens financiers, mais l'expérience opérationnelle, le support pour devenir les prochains Google, les prochains Shopify, les prochains CGI. »

- Chris Arsenault

La mécanique habituelle des investissements en démarrage, pour une société de capital de risque comme Inovia, consiste à récupérer la mise de fonds après 10 ans, ce qu'on appelle la « sortie ». « C'est en général la durée de vie d'un fonds, et la sortie se fait sous forme de vente de l'entreprise, explique M. Arsenault. Tu ne supportes pas nécessairement la poignée d'entreprises qui ont le potentiel de devenir de grandes sociétés. Tu es dans une position où tu ne supportes pas la croissance infinie, tu supportes la croissance jusqu'à la sortie. »

« Changer le portrait »

Certains poulains d'Inovia, notamment Lightspeed POS et Clearpath Robotics, ont pu accéder à du financement pour leur croissance, lors de rondes lancées par Inovia. La société montréalaise s'est alors associée à d'autres fonds qui ont repris le flambeau. Le rôle d'Inovia se trouvait réduit à celui de simple investisseur ; c'est cette dynamique « unidirectionnelle » que la société veut changer avec son propre fonds de croissance.

« Ça nous permet aujourd'hui de prendre avantage de toutes les relations qu'on a bâties dans les 10 dernières années », dit M. Arsenault.

Le Canada et le Québec ont le potentiel de créer de grandes entreprises qui vont pouvoir en acquérir d'autres, estime le cofondateur d'Inovia. Le bilan des dernières décennies est toutefois maigre : « Si tu regardes les entreprises de 1 milliard et plus, il y a eu Shopify cette décennie-ci, un vide la décennie d'avant... et CGI. »

Son ambition : voir naître plusieurs entreprises de cette envergure au cours de la prochaine décennie. « Je ne dis pas qu'on va en créer 200... Mais si on est juste capable de le faire une fois tous les cinq ans, une fois tous les trois ans, et une fois par année sur les 10 prochaines années... On va avoir changé le portrait au complet au Canada. L'impact économique va être énorme. »

Inovia annoncera en outre ce matin l'ouverture d'un nouveau bureau à Londres, qui s'ajoute à ceux de Montréal, Toronto, Calgary et San Francisco.

INOVIA EN CHIFFRES

45 investissements en 2018

5 « sorties »

1 milliard US sous gestion

Portefeuille de 30 grandes entreprises actives

Le capital de risque au Canada en 2018 (sommes en dollars US)

3,5 milliards de financement

471 transactions

Principaux secteurs : 

Internet (1,3 milliard)

Technologies mobiles et télécoms (461 millions)

Santé (378 millions)

Montréal

861 millions en financement

74 transactions

Principales transactions

Enerkem (224 millions)

Hopper (100 millions)

eStruxture (80 millions)

Source : rapport 2018 MoneyTree