Un dirigeant d'Equifax, qui a vendu ses actions avant que l'agence de crédit n'officialise la cyberattaque massive dont elle a été victime en 2017, a été inculpé mercredi pour délit d'initié, une première dans cette affaire.

Jun Ying, qui était directeur informatique d'une des activités américaines d'Equifax, a exercé ses options d'achat d'actions et liquidé ces titres bien avant l'annonce du piratage informatique, affirme la SEC, le gendarme de la Bourse, dans un communiqué.

Il a ainsi pu collecter un million de dollars au lieu d'enregistrer une perte de 117 000 dollars s'il avait eu à céder ses actions après l'officialisation de la cyberattaque, dont l'annonce avait entraîné un décrochage du titre Equifax à la Bourse.

M. Ying est le premier dirigeant d'Equifax mis en examen et poursuivi dans cette affaire. Le Procureur fédéral de Géorgie (sud-est) a annoncé des poursuites pénales en son encontre.

«Comme indiqué dans notre plainte, Ying a utilisé des informations confidentielles concluant que son entreprise avait été affectée par un vol massif de données et a liquidé ses titres avant que la nouvelle ne soit rendue publique», fustige Richard Best, un des responsables de la SEC basé à Atlanta (sud-est). «Les dirigeants d'entreprises au courant des informations confidentielles incluant des intrusions informatiques ne peuvent les utiliser à leur seul avantage financier».

Equifax, qui récolte et analyse les données personnelles de clients qui sollicitent un crédit, avait révélé début septembre une intrusion de mi-mai à fin juillet dans ses bases de données. Les informations personnelles (noms, numéros de sécurité sociale, dates de naissance...) de plus de 147 millions de clients aux États-Unis principalement, mais aussi dans d'autres pays comme le Canada et le Royaume-Uni, avaient été dérobées.

Des enquêtes et des recours juridiques en nom collectif (class action) ont été ouverts.

Outre le piratage lui-même, les enquêteurs s'interrogent aussi sur la vente d'actions par certains cadres dirigeants dans les jours ayant suivi la découverte de l'attaque fin juillet 2017.

Le PDG du groupe Richard Smith a démissionné fin septembre, après deux responsables de la sécurité.

Le piratage pourrait coûter plus de 150 millions de dollars à l'entreprise, avait évalué en novembre Equifax, qui a connu une désaffection de ses clients.