Un important gestionnaire de caisses de retraite publiques situé à Montréal a remercié 50 de ses dirigeants durant le court règne de son PDG, malgré d'excellents résultats financiers. Près de 25 millions en indemnités et primes ont dû être versés aux cadres licenciés.

Le moins que l'on puisse dire est que le mandat d'André Bourbonnais n'a pas été un long fleuve tranquille à la tête du gestionnaire d'actif des caisses de retraite des fonctionnaires fédéraux, des Forces armées canadiennes et des policiers de la Gendarmerie royale du Canada.

M. Bourbonnais vient d'ailleurs de quitter Investissements PSP pour aller diriger un projet dans le secteur des investissements alternatifs chez BlackRock, à New York, un géant mondial de la gestion d'actif.

En moins de trois ans, de son arrivée en poste le 1er avril 2015 à janvier 2018, M. Bourbonnais a vu 87 cadres quitter la boîte, indique PSP dans une réponse à une demande d'accès à l'information formulée par La Presse. Parmi eux, pas moins de 50 employés de niveau supérieur à directeur ou « manager » ont été remerciés. En 2015, PSP comptait 239 cadres de ce niveau.

Des 19 VP que comptait PSP à l'arrivée de M. Bourbonnais, 10 sont partis depuis : 3 de leur propre chef et 7 se sont fait montrer la porte.

Chez PSP, on qualifie ce taux de roulement de « conforme » à ce qu'on voit dans l'industrie financière.

Pareil nettoyage vient avec une facture salée. PSP a dû verser 15 millions en indemnités de départ aux personnes licenciées. À cette somme s'ajoutent près de 9 millions en primes qui ont été déboursées pour les employés qui ont quitté la société ou qui ont été remerciés.

Ces millions se sont ajoutés aux charges de l'entreprise. Les salaires et avantages du personnel ont doublé, passant de 107 millions en 2014-2015 à 210 millions en 2016-2017. Pendant la même période, l'actif sous gestion a crû de 21 %, passant de 112 milliards à 135,6 milliards.

CHANGEMENTS ET RÉSULTATS

M. Bourbonnais a été engagé en 2015 pour mener l'organisation à un niveau supérieur, disent des sources tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'organisation. Créé en 1999, Investissements PSP est toujours en phase d'accumulation de capital, une situation qui commandait des ajustements. Son départ subit a déçu le conseil d'administration, qui est satisfait de son travail, a-t-on appris.

Des changements, il y en a eu sous M. Bourbonnais. Le nombre d'employés est passé de 600 à 800, dont 300 cadres. Il a réorganisé le groupe de placements privés, a créé la catégorie des titres de créances privées, et PSP a ouvert ses deux premiers bureaux à l'étranger : New York et Londres.

Le patron a toutefois profité de l'occasion pour faire maison nette, même si PSP connaissait des résultats financiers à faire pâlir d'envie tout gestionnaire d'actif.

Avant avril 2015, PSP avait battu son indice de référence cinq années de suite. Par exemple, son rendement avait de 15,9 % en 2013-2014 et de 14,2 % en 2014-2015. À la décharge de M. Bourbonnais, les bonnes années se sont poursuivies sous son règne. PSP a fini l'exercice financier 2016-2017 avec un rendement de 12,8 %.

PROCESSUS D'EMBAUCHE

Autre constat, PSP a pourvu des postes-clés par des personnes de confiance de M. Bourbonnais, sans faire faire appel à des firmes de recrutement.

Ce fut le cas notamment pour les postes de chef de la direction financière et de premier vice-président et chef mondial des marchés privés, respectivement attribués à Nathalie Bernier et Guthrie Stewart. MM. Stewart et Bourbonnais se connaissent depuis au moins 20 ans, à l'époque de Téléglobe.

Aucune firme de recrutement n'est intervenue non plus dans le processus menant à l'embauche de François Dufresne comme directeur principal, placements privés, et de Simon Marc, directeur général, placements privés, confirme l'organisation dans sa réponse à la demande d'accès à l'information.

PSP soutient suivre un « processus rigoureux » d'embauche.

C'est un vétéran de l'organisation, Neil Cunningham, qui remplace M. Bourbonnais au siège social de l'organisation, au 1250, boulevard René-Lévesque Ouest, au centre-ville de Montréal. M. Cunningham était auparavant PVP, chef mondial des placements immobiliers et ressources naturelles.

- Avec William Leclerc, La Presse

QUELQUES-UNS DES DÉPARTS SOUS ANDRÉ BOURBONNAIS

JOHN VALENTINI

Ancien vice-président directeur, directeur de l'exploitation et chef de la direction financière

Départ : 2015

Ce qu'il est devenu : vice-président directeur et chef de la direction financière globale chez Fiera Capital

BRUNO GUILMETTE

Ancien vice-président principal, investissements infrastructures

Départ : décembre 2015

Ce qu'il est devenu : administrateur de la Banque de l'infrastructure du Canada

GUY ARCHAMBAULT

Ancien premier vice-président, ressources humaines

Départ : 2016

Ce qu'il est devenu : premier vice-président et chef des ressources humaines chez Fiera Capital

DANIEL GARANT

Ex-vice-président à la direction et chef des placements

Départ : 30 juin 2017

Ce qu'il est devenu : vice-président principal, marchés publics, chez bcIMC