La Banque de Montréal a beau être dirigée de Toronto, c'est à nouveau un Montréalais qui en prend les commandes dès aujourd'hui. Et s'il réside et travaille dans la Ville Reine, c'est avec le bleu-blanc-rouge du Canadien que Darryl White conserve un lien particulier.

M. White, 46 ans, occupait le poste de chef de l'exploitation depuis un an et devient le 28e patron en 200 ans d'histoire à la BMO. Il succède à un autre Montréalais, Bill Downe.

Le nouveau chef de la direction de la quatrième banque au pays a grandi dans l'ouest de l'île de Montréal. Il séjourne régulièrement au Québec, possède un chalet près de Knowlton, dans les Cantons-de-l'Est, et ses parents habitent toujours à Dorval. Parfaitement bilingue, Darryl White travaille pour la BMO depuis qu'il a terminé ses études, il y a 23 ans, et il a travaillé au Québec de 2006 à 2011. Il est aussi membre du conseil d'administration du Canadien de Montréal depuis 2008.

La Presse s'est entretenue avec ce banquier de 46 ans pour parler de ce qui l'attend dans son nouveau poste, mais aussi pour discuter des marchés et de son rôle au sein de l'organisation du Canadien.

Quel sera votre plus gros défi ?

Prendre les décisions en conservant le client au centre de nos préoccupations tout en générant un bon rendement pour nos actionnaires.

D'où viendra la croissance ?

Les États-Unis sont notre principal vecteur de croissance. Nos activités américaines enregistrent une croissance annuelle d'environ 20 %. C'est une croissance beaucoup plus forte que celle de nos activités canadiennes, notamment en raison de l'importance de nos parts de marché au pays. Nous allons donc continuer d'observer un taux de croissance plus élevé aux États-Unis. Nous allons analyser les opportunités d'acquisitions. Toutefois, nous sommes d'abord intéressés à réaliser une croissance organique. Pour effectuer une acquisition, il faudra qu'elle passe le test du rendement et qu'elle convienne au niveau stratégique et culturel.

Quelle est votre perception de l'économie du Québec ?

C'est impressionnant. Nos économistes projettent un taux de croissance de 2,7 % pour 2017. Il était de 1,7 % l'an passé et de 1,3 % en moyenne au cours des quatre années précédentes. C'est significatif, parce que le Québec est un marché très important pour nous. Et c'est une belle histoire. Il y a une stabilité dans la province, un gouvernement responsable, et partout où je vais, les entreprises disent vouloir investir. Plus important encore, la croissance est observée alors que la taille de la population n'augmente pas très vite. On prévoit que ça va continuer de bien aller. Nous sommes très bullish pour le Québec.

Le niveau d'endettement des citoyens est-il préoccupant ?

Ça m'inquiète un peu. On surveille ça de près. Lorsqu'on parle à nos clients, on fait bien attention de leur dire d'emprunter de façon responsable. Je veux être certain qu'on fait la bonne chose pour le client. Lorsqu'on me demande quel est le bon nombre de produits pour un client, je réponds que ça dépend du client. Cela dit, l'économie s'appuie sur des bases solides. Les taux d'intérêt peuvent monter, mais ils vont le faire à partir d'un seuil historiquement bas.

Que pensez-vous de l'évaluation actuelle des marchés ?

On atteint de nouveaux sommets boursiers presque chaque jour. Il y a longtemps qu'il n'y a pas eu une croissance économique synchronisée d'une telle façon aux États-Unis, en Europe, en Asie et ici au Canada. D'un point de vue fondamental, les évaluations observées sur les marchés peuvent s'expliquer de manière rationnelle. Le risque est un événement géopolitique majeur. Et je ne crois pas que ce facteur soit escompté par la Bourse. Autrement, je suis confortable avec les évaluations observées.

Puisque vous jouez un rôle au sein de l'organisation du Canadien, quelle est votre réaction par rapport aux critiques actuelles et quel message avez-vous pour les partisans ?

Je suis membre du conseil d'administration des Canadiens de Montréal [Groupe CH] depuis 2008. Mon implication se situe uniquement au niveau de la gouvernance. Nous pouvons être fiers du fait que Montréal puisse offrir, depuis plus de 100 ans, une équipe qui se démarque et qui a l'intention de continuer à se démarquer afin d'assurer la fierté de ses fans et de la population. Et cela, sans oublier l'apport économique important qui rejaillit sur l'ensemble de notre communauté grâce à cette organisation montréalaise et ses dirigeants fort respectés.

LA BMO EN BREF

Année de fondation : 1817

Valeur boursière : 64 milliards

Actif total : 709 milliards

Profit annuel : 5 milliards

Secteurs d'activités : services bancaires, gestion de patrimoine, marchés des capitaux

Nombre d'employés : 45 000 au Canada, dont plus de 5000 au Québec

Présence au Québec : 144 succursales, 15 comptoirs BMO Nesbitt Burns et 2 bureaux BMO Banque privée

Clients : plus de 12 millions, dont près de 40 000 sont des entreprises québécoises

Importance des activités américaines : 25 % des bénéfices

Sources : BMO et La Presse