Le couperet a commencé à tomber à la Banque Laurentienne, qui a annoncé la semaine dernière l'élimination de l'équivalent de 300 postes, soit environ 8 % de son effectif, ainsi que la fusion de 50 succursales.

Les 148 directeurs de succursale étaient rencontrés individuellement jeudi, et une trentaine d'entre eux ont reçu un avis de cessation d'emploi qui sera effectif dans environ huit mois.

Ces derniers ont été convoqués mercredi après l'envoi d'un courriel signé par la première vice-présidente, distribution, services aux particuliers, Diane Pilote, que La Presse canadienne a pu consulter.

«Cette rencontre a pour but de vous présenter la finalité des réflexions concernant votre rôle dans le cadre des fusions à venir au cours des prochains mois», peut-on notamment lire.

À moins d'exceptions attribuables à la distance physique, les entretiens se sont déroulés en personne, à l'extérieur des succursales de la Banque Laurentienne, dans des lieux identifiés par des vice-présidents.

La vice-présidente adjointe aux communications, Hélène Soulard, a affirmé jeudi qu'aucun licenciement immédiat n'avait été annoncé au cours des rencontres.

«Bien que le projet se déroule sur 18 mois, nous tenions à informer rapidement les personnes concernées (...) afin de dissiper toute incertitude et éviter les spéculations, a-t-elle affirmé au cours d'un entretien téléphonique. Trois personnes ont été rencontrées depuis la semaine dernière pour des cessations d'emploi.»

Des «mesures d'accompagnement» ainsi que des indemnités de départ seront offertes aux personnes concernées, a assuré Mme Soulard.

La Banque Laurentienne prévoit que l'élimination des 300 postes se fera par «attrition naturelle». En date du 31 juillet, elle comptait 148 succursales - au Québec et en Ontario - et l'équivalent de 3631 employés à temps plein.

Le Syndicat des employés professionnels et de bureau (SEPB-Québec), affilié à la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), représentant près de 1800 employés de la Laurentienne, a dit ne pas être au courant de ces annonces.

Une rencontre entre la partie syndicale et le président et chef de la direction de la Banque Laurentienne, François Desjardins, est par ailleurs prévue vendredi après-midi, dans les locaux montréalais de la FTQ. Le secrétaire général de la centrale syndicale, Serge Cadieux, sera notamment présent.

«C'est vraiment exploratoire, a lancé la directrice exécutive du syndicat, Kateri Lefebvre. Il s'agit de voir comment nous pouvons relancer le dossier.»

Le syndicat n'est pas opposé au virage proposé par M. Desjardins, mais lui reproche de vouloir rouvrir la convention collective en vigueur jusqu'au 31 décembre 2017 pour notamment retirer la sécurité d'emploi.

Les travailleurs veulent tout simplement une solution «gagnant-gagnant», affirme Mme Lefebvre.

«Nous ne sommes par fermés, absolument pas, a-t-elle dit. La question de la transformation, peut-être que c'est un incontournable, mais encore faut-il que cela se fasse respectueusement.»

Pour le moment, le syndicat dit toujours ignorer si ses membres feront les frais des changements annoncés la semaine dernière lors d'une rencontre qui se tenait au Palais des congrès de Montréal.

«M. Desjardins n'a pas annoncé l'élimination des postes lors de la rencontre, a rappelé Mme Lefebvre. Les gens sont sortis sans son de cloche à cet effet. Nous sommes toujours dans un flou.»

Dans le but de réduire ses dépenses, la Banque Laurentienne avait annoncé le mois dernier son intention de déménager son siège social - actuellement situé sur l'avenue McGill College, à Montréal - dans la Cité du commerce électronique, au centre-ville de la métropole, en 2018.

Le plan de transformation de M. Desjardins, qui a déjà remanié la haute direction de l'institution, vise notamment à doubler, à 70 milliards $, l'actif de la Banque Laurentienne.

Entre-temps, les syndiqués ont obtenu une ordonnance provisoire auprès du Conseil canadien des relations industrielles pour empêcher la Banque Laurentienne de déployer un projet pilote visant à tester un nouveau modèle de succursale - offrant principalement des services-conseils en éliminant les services transactionnels bancaires - à compter du 1er janvier.