Le plus important assureur de dommages au Canada, Intact Corporation financière, entend continuer de consolider le marché canadien, mais le moment de s'étendre à l'extérieur du pays est arrivé.

« Je m'attends à ce que d'ici cinq ans, le quart de notre croissance viendra de l'extérieur du Canada », dit le chef de la direction d'Intact au cours d'un entretien avec La Presse.

« On a fait de petits investissements à l'étranger pour évaluer notre capacité à exporter nos compétences et on entend le faire de façon plus importante au cours des prochaines années », précise Charles Brindamour.

Les petits investissements d'Intact à l'étranger auxquels le gestionnaire de 45 ans fait référence ont été réalisés au Brésil (avec un courtier web qui joue un rôle d'agrégateur avec des assureurs) et aux États-Unis (dans une petite entreprise de San Francisco qui propose d'adapter le prix de l'assurance automobile en fonction du nombre de kilomètres parcourus).

Charles Brindamour indique qu'Intact entretient des discussions en Amérique, mais aussi en Asie, sans vouloir entrer dans les détails.

« On se limite. On ne veut pas planter nos drapeaux partout. On veut avoir un nombre d'occasions de croissance où on peut utiliser nos compétences. On ne sera pas partout. »

Des objectifs précis

Pour le grand patron d'Intact, qui a succédé à Claude Dussault en 2008 à la tête de l'entreprise, les objectifs stratégiques de l'entreprise restent très clairs. « On veut offrir une expérience client hors pair, être un des meilleurs employeurs au pays et une des entreprises les plus respectées au Canada. Ça se représente par un retour sur le capital d'au moins 500 points de base plus élevé que celui de nos concurrents, ce qu'on a réalisé l'an passé et au cours des 10 dernières années. Et ça se traduit aussi par une croissance des profits opérationnels en moyenne de 10 % et plus par année », dit-il.

Une grande partie de la stratégie d'Intact consiste à amener l'expérience client à un autre niveau par le numérique et l'indemnisation. « On élargit nos modes de distribution pour que les clients aient accès à nos produits de la façon qu'ils choisissent, en ligne, par courtier, au téléphone et autres », dit Charles Brindamour.

Intact, gérée à partir de Toronto, mais dont les importantes racines québécoises remontent à l'époque de l'ancien groupe Commerce, continuera par ailleurs de grandir par acquisitions, car Intact reste toujours sur le mode « acheteur ».

« Au Canada, le marché va se consolider. On pense qu'au moins 15 % du marché canadien s'apprête à changer de main et on veut être un acteur dans ce marché », explique Charles Brindamour.

Intact n'a pas pour objectif de doubler sa taille sur un horizon précis, mais le principal dirigeant de l'entreprise croit que la société d'assurances peut « certainement avoir une relation avec un Canadien sur trois » dans un avenir relativement rapproché.

Affronter une concurrence non traditionnelle

Comme les attentes des consommateurs changent rapidement, Charles Brindamour s'attend à des perturbations importantes dans le marché de l'assurance à court et à moyen terme.

« Les joueurs existants sont appelés à se consolider, car la taille devient un atout de premier plan pour réussir à investir dans l'expérience client », dit-il en soulignant s'attendre à l'arrivée de nouveaux acteurs non traditionnels dans l'industrie.

Ces concurrents non traditionnels que Charles Brindamour craint de voir débarquer ne sont pas les fintechs, ces nouvelles entreprises de technologies financières qui bousculent les façons de faire dans le secteur bancaire. Il pense davantage à Google, Amazon, Priceline, etc.

« Ce type d'entreprises possède des marques fortes très connues. La confiance demeure un élément clé de l'assurance. Celles qui ont des technologies agiles et une capacité à comprendre le client de façon supérieure aux acteurs traditionnels sont celles qui auront potentiellement le plus d'impact dans la distribution du produit en particulier », dit Charles Brindamour.

L'économie de partage représente d'autre part un secteur de croissance pour Intact. « Les gens ne se déplacent plus comme ils le faisaient avant. De plus en plus de consommateurs veulent utiliser à meilleur escient leurs véhicules, leurs maisons et leur expertise. Selon une évaluation récente, l'économie de partage devrait atteindre 335 milliards de dollars d'ici 2025. C'est une tendance lourde qui aura un impact profond sur notre industrie. »

C'est dans cette optique qu'Intact a signé l'an passé des partenariats stratégiques avec le service de covoiturage urbain Uber et avec Turo, un marché de location de véhicules entre particuliers.

FORCES

• Présence locale forte partout où Intact est installée au Canada

• Utilisation de la taille (plus important assureur de dommages au pays) pour maximiser les opérations

• Leader technologique dans son marché

FAIBLESSES

• Concentration de la présence dans un marché unique (le Canada)

• Expérience encore limitée à l'extérieur du pays

Photo David Boily, archives La Presse

Intact en bref

Plus important fournisseur d'assurance habitation, automobile et entreprises au Canada.

• SIÈGE SOCIAL : Toronto

• EFFECTIF : 12 000 employés dont 4000 au Québec

• PARTS DE MARCHÉ D'INTACT : 17 % au Canada (26 % au Québec)

• NOMBRE DE CLIENTS : plus de 5 millions au Canada (plus de 1 million au Québec)

• ANNÉE DE FONDATION : 1809 (sous le nom de Halifax Fire Insurance Association et renommée la Compagnie d'Assurance Halifax. Les origines québécoises d'Intact remontent à 1907 avec la fondation du Groupe Commerce à Saint-Hyacinthe. En 2009, le nom d'Intact Corporation financière est adopté.)