Le prêteur alternatif américain Lending Club devient un intermédiaire financier pour la Banque Nationale. L'accord conclu avec Lending Club est une façon pour l'institution financière québécoise de continuer à se familiariser avec les fintech, ces entreprises de technologie financière qui poussent les banques à s'ajuster à une nouvelle forme de concurrence.

La Banque Nationale va racheter pour 300 millions US d'actifs appartenant à Lending Club sur le marché américain. La transaction est réalisée par l'entremise de Credigy, la filiale américaine de la Banque Nationale qui se spécialise dans l'achat et le recouvrement de comptes clients en souffrance.

Le PDG de la plus importante banque québécoise, Louis Vachon, a expliqué cette décision vendredi en marge de l'assemblée annuelle des actionnaires de la Banque Nationale. La Banque Nationale a déjà racheté pour 150 millions US de prêts à Lending Club depuis que l'entente a été signée à l'hiver.

« Les fintechs ont des plateformes technologiques intéressantes, mais elles ont des modèles de financement de leurs actifs qui sont encore en définition. Pour nous, c'est intéressant de faire au moins une transaction avec eux et apprendre à les connaître et apprendre leur façon de fonctionner. »

Dans l'ensemble du portefeuille de prêts de la banque qui se chiffre en milliards, la somme de 300 millions n'est pas significative financièrement. Mais du point de vue de la banque et du marché américain, il est significatif sur le plan stratégique.

« C'est gros, car c'est la plus grosse transaction que nous avons faite avec une fintech jusqu'à maintenant », dit Louis Vachon, PDG de la Banque Nationale.

Il s'agit aussi de la plus importante transaction jamais faite par une banque canadienne avec une fintech, affirme le PDG.

« Se connecter »

Les actifs achetés auprès de Lending Club sont essentiellement des prêts personnels accordés de façon très rapide à la très petite entreprise, par internet, et à des taux relativement élevés. Louis Vachon donne l'exemple d'un restaurant qui aurait un besoin rapide de 5000 $ parce que son four vient de briser.

« Lending Club utilise des algorithmes qui analysent le comportement du consommateur tant sur le plan des réseaux sociaux que d'autres sources d'informations pour déterminer la qualité de l'emprunteur et le taux qui lui sera facturé », dit Louis Vachon.

« Pour nous, c'est intéressant, car notre filiale Credigy est capable de bien suivre cette information en temps réel. Ça nous permet d'apprivoiser cette technologie du point de vue financier et de se connecter avec ce monde. »

L'entente avec Lending Club ne permettra pas de réaliser des ventes d'autres produits de la banque, puisque l'institution n'a pas de succursales aux États-Unis (mis à part trois établissements en Floride). « Ce n'est donc pas relationnel, note Louis Vachon. C'est purement financier et technologique. »

Il s'agit d'une importante distinction par rapport au potentiel de l'entente dévoilée l'automne dernier entre la Banque CIBC et le prêteur alternatif montréalais Thinking Capital.

Lending club en bref

Fondé il y a 9 ans, le prêteur alternatif Lending Club s'est inscrit à la Bourse de New York à la fin de 2014. Ce géant du microcrédit installé à San Francisco est considéré comme un pionnier aux États-Unis et un géant des fintechs. Ces entreprises issues du secteur de la technologique financière représentent une menace grandissante pour la rentabilité des grandes banques. Lending Club avait récolté 870 millions US lors de son premier appel public à l'épargne et a connu un bon départ en Bourse. La valeur boursière initiale de cette plateforme de prêts aux particuliers par internet a toutefois fondu de moitié depuis.