Un groupe de pirates recrutés par les Gardiens de la révolution islamique, corps militaire d'élite du régime iranien, s'est attaqué à la Banque de Montréal dans le cadre d'une campagne de perturbation des activités bancaires nord-américaines, affirme le FBI.

Des accusations ont été déposées à New York jeudi contre sept Iraniens qui auraient participé à la campagne.

Les sept accusés, qui travaillaient pour deux sociétés informatiques privées basées en Iran, seraient des sous-traitants embauchés par les Gardiens de la révolution pour s'attaquer à des cibles américaines, selon les documents judiciaires déposés à la cour.

Grâce à un logiciel malveillant, ils auraient infecté des milliers d'ordinateurs et de serveurs de par le monde, puis les auraient utilisés pour surcharger de demandes d'accès les sites web de 46 institutions financières, principalement américaines, comme Bank of America, JP Morgan Chase, ING et American Express.

La Banque de Montréal était aussi au nombre des victimes, selon l'acte d'accusation, qui ne précise pas pourquoi l'institution canadienne a été incluse dans les cibles. Incapables de répondre à la demande massive, les services web de ces institutions tombaient en panne.

« Certains jours, pendant cette période, des centaines de milliers de consommateurs étaient incapables d'accéder à leur compte bancaire en ligne », précise l'acte d'accusation.

Les attaques ont commencé en décembre 2011 et ont connu une escalade en septembre 2012. En mai 2013, elles ont cessé, notamment parce que les Américains avaient trouvé une parade. Les entreprises visées auraient perdu des dizaines de millions de dollars selon l'enquête.

PEU DE CHANCE D'ÊTRE JUGÉS

L'un des sept Iraniens est aussi accusé de s'être introduit dans le système informatique de contrôle d'un petit barrage à Rye, dans l'État de New York. Il a eu accès aux contrôles permettant de modifier le niveau de l'eau, mais par chance, ceux-ci avaient été déconnectés pour entretien ces jours-là, selon l'acte d'accusation.

Les accusés feraient face à un maximum de 10 ans de prison (15 pour celui qui a ciblé le barrage) s'ils étaient trouvés coupables. Mais comme il est peu probable que le FBI trouve un moyen de les arrêter et les ramener de force aux États-Unis, ils risquent de ne jamais avoir de procès.

« Nous vivons maintenant dans un monde où des attaques dévastatrices contre notre système financier, nos infrastructures et notre mode de vie peuvent être lancées de n'importe où dans le monde, avec un clic de souris », a déclaré le procureur fédéral chargé du dossier, Preet Bharara.

Au moment de publier ces lignes, la Banque de Montréal n'avait pas répondu aux questions de La Presse.

PHOTO ASSOCIATED PRESS

Les sept accusés, qui travaillaient pour deux sociétés informatiques privées basées en Iran, seraient des sous-traitants embauchés par les Gardiens de la révolution pour s'attaquer à des cibles américaines, selon les documents judiciaires déposés à la cour.