La plupart des observateurs ne s'attendaient pas à ce que la Banque Nationale annonce une hausse de son dividende, hier, en dévoilant ses résultats de fin d'exercice, qui se sont par ailleurs révélés conformes aux attentes.

Les analystes souhaitaient cependant tous en apprendre davantage sur la gestion du capital de la banque dans la foulée de l'émission d'actions surprise survenue cet automne.

Cet aspect est «l'éléphant dans la pièce», comme l'a souligné l'analyste Meny Grauman, chez Cormark Securities.

Hier, la Banque Nationale a bonifié de 4% son dividende trimestriel pour le porter à 54 cents par action. Ce geste, bien qu'il était attendu par certains, en a surpris d'autres, étant donné que la Banque Nationale a dilué son actionnariat en octobre.

«Pourquoi augmenter le dividende maintenant après avoir procédé à une émission d'actions?», se demande Darko Mihelic, chez RBC. Cette hausse du dividende peut être perçue de façon aussi bien positive que négative [ça montre de la confiance en l'avenir, ou ça montre qu'il se prend des décisions erratiques en ce qui concerne le capital de la banque]», dit-il.

Durant la téléconférence avec les analystes, Louis Vachon a été appelé à défendre cette décision de relever le dividende deux mois après avoir effectué une émission d'actions de 300 millions de dollars.

L'analyste John Aiken, de la firme Barclays, a interpellé le PDG de la Nationale en soulignant que la hausse du dividende lui semblait un peu paradoxale dans le contexte. Il a demandé à Louis Vachon d'expliquer la réflexion du conseil d'administration.

Le grand patron de la plus grosse banque de la province a répondu que l'émission d'actions était liée au besoin de renforcer le capital réglementaire de la banque pour différentes raisons.

«Nous avons eu besoin de plus de capitaux que prévu cette année pour financer la croissance de certaines activités, notamment celles de la filiale Credigy, qui a fait l'acquisition de plusieurs portefeuilles», a dit Louis Vachon en ajoutant qu'à l'international, la banque a dépensé de l'argent plus vite que prévu en raison d'occasions qui se sont présentées sur le marché (en Afrique et au Cambodge).

Louis Vachon a aussi dit que la situation de Maple Financial Group, dans laquelle la banque détient une participation de 25%, avait joué un rôle. Des perquisitions ont été réalisées chez Maple en septembre par les autorités allemandes dans le cadre d'une enquête pour évasion fiscale et blanchiment d'argent, de sorte qu'il existe un risque de perte importante de valeur dans cet investissement pour la Banque Nationale.

«Ce n'est qu'une petite hausse du dividende que nous annonçons et elle aura peu d'impact sur nos ratios de capitaux en 2016», a ajouté Louis Vachon. «Le dividende est un reflet des profits. Ultimement, les dividendes augmentent lorsque les profits augmentent. Nous avons donc pensé que cette hausse du dividende était raisonnable et [que c'était] la bonne chose à faire. L'émission d'actions et le dividende sont deux choses différentes», a-t-il rappelé pour tenter de mettre la décision en perspective.

La restructuration se poursuit

Par ailleurs, les abolitions de postes annoncées par la Banque Nationale en octobre, qui touchent environ 400 emplois, se font de manière «progressive et dans le respect de la réglementation et des besoins opérationnels».

«Nous replaçons les employés touchés lorsque c'est possible», dit Claude Breton, vice-président, affaires publiques, à la Banque Nationale en rappelant qu'historiquement l'institution financière a été en mesure de replacer 15% des employés affectés par des coupes.

«Des départs auront lieu au cours des prochains mois dans le cadre de l'annonce déjà connue d'octobre, mais ce sera très localisé, dit Claude Breton. Plusieurs employés pourront [postuler] des postes ouverts au cours des prochains mois, alors la mesure exacte des annonces ira seulement qu'au printemps.»

L'action de la Banque Nationale a terminé la séance boursière hier en léger repli à 43,91$ à Toronto. Le titre de la Banque Nationale affiche la pire performance boursière du «Big Six» cette année avec un recul de 11% depuis le 1er janvier.