Les banques canadiennes accuseront vraisemblablement un recul de leurs bénéfices à la fin du premier trimestre en raison de la chute des prix du pétrole.

Les entreprises oeuvrant dans le secteur pétrolier sont des clients importants des banques, tant au chapitre des investissements que des services aux entreprises. Elles s'y procurent de l'argent pour financer de nouveaux projets. Les banques d'investissements contribuent à environ 20 pour cent des revenus des institutions financières.

L'analyste à la banque Barclays John Aiken estime que la contribution des entreprises du secteur de l'énergie sera probablement quasi nulle pour ce trimestre.

James Shanahan, conseiller financier à la firme Edward Jones, a précisé que les banques d'investissements constituent la branche la plus lucrative sur le plan de la marge de profits - mais c'est aussi la plus sensible aux variations des prix du pétrole. Le prix d'un baril a chuté de moitié par rapport à cet été, passant de 100 à 50 $ dans les dernières semaines.

Les banques s'inquiètent aussi des conséquences engendrées par les difficultés financières que pourraient éprouver ces entreprises - les sociétés et les possibles nouveaux chômeurs pourraient être en défaut de paiement pour leurs prêts. Or, ces complications dans le crédit devraient se ressentir plus tard dans l'année.

«Nous n'observerons pas de répercussions sur le crédit, s'il y en a, avant la fin de l'année 2015 ou le début de 2016», a prédit M. Aiken.

Les banques publieront leurs résultats de leur premier trimestre au cours de la semaine prochaine. La Banque de Montréal ouvrira la marche mardi et ceux de la Banque Royale et de la Banque Nationale suivront mercredi. TD et CIBC dévoileront leurs chiffres jeudi. La Banque Scotia fera l'exercice un peu plus tard, le 3 mars prochain.

Au trimestre précédent, les cinq plus grandes banques canadiennes ont enregistré des revenus nets de 7,4 milliards de dollars; une légère augmentation par rapport au 7,3 milliards de l'année précédente.

Elles prévoyaient d'ailleurs traverser une période plus difficile en 2015 à cause de l'économie globale vacillante et de l'instabilité des marchés boursiers. La chute des prix du pétrole s'ajoute à leurs inquiétudes.

Même si les entreprises du secteur s'en sortaient relativement bien, il demeure que l'économie de l'Alberta sera à coup sûr touchée et cela aura des effets sur les consommateurs. «Ce seront eux les premiers à faire défaut sur leurs prêts», estime M. Aiken.

Les banques font face à d'autres défis, à commencer par les faibles taux d'intérêt imposés par la Banque du Canada, qui a surpris tout le monde en abaissant le taux directeur au mois de janvier. Les Canadiens, déjà criblés de dettes, n'ont plus vraiment d'appétit pour emprunter.

M. Aiken croit que les institutions financières n'auront pas le choix de réduire leurs dépenses encore davantage pour accumuler les profits. «Ils ne licencieront pas nécessairement des employés, mais ils seront plus consciencieux dans leurs programmes de dépenses», a-t-il souligné.