Plusieurs années après s'être départie de ses activités de banque de détail aux États-Unis, la Banque Royale (t.ry)  s'aventure à nouveau au sud de la frontière avec une entente évaluée à 5,4 milliards de dollars US qui lui permettra de mettre la main sur la banque City National, établie à Los Angeles.

Selon la Royale, l'entente annoncée jeudi lui permettra de faire croître ses activités de gestion de patrimoine aux États-Unis, un des éléments clés de sa stratégie pour pallier à au ralentissement des emprunts des consommateurs au Canada.

«Les clients de City National sont essentiellement des individus fortunés et des entreprises commerciales - deux des segments de clientèle qui connaissent les croissances les plus rapides aux États-Unis», a expliqué aux investisseurs le chef de la direction de la Banque Royale, Dave McKay, lors d'une conférence téléphonique.

Les activités américaines de la Banque Royale ont été durement touchées lorsque la bulle immobilière a éclaté et que les propriétaires ne pouvaient plus faire leurs paiements hypothécaires. La banque a été forcée d'inscrire des pertes de plus d'un milliard de dollars en 2011, lorsqu'elle a vendu son segment de services bancaires aux consommateurs dans le sud-est des États-Unis.

L'analyste Dan Werner, de Morningstar, ne s'attendait pas à l'entente annoncée jeudi.

«La Royale a vraiment minimisé l'importance d'un retour aux États-Unis», a observé M. Werner.

«Cela dit, il s'agit probablement de la meilleure franchise qu'ils pouvaient obtenir compte tenu de leur modèle d'affaires», a-t-il poursuivi, notant que la spécialisation de City National dans la gestion de patrimoine complémentait bien les priorités de la Banque Royale.

«Ce n'est pas aussi axé sur le service bancaire aux consommateurs qu'ils l'ont été par le passé aux États-Unis.»

M. Werner s'attend à ce que la gestion de patrimoine soit le moteur de la croissance pour la plupart des grandes banques.

«Les activités de gestion de patrimoine apportent une stabilité dans les revenus provenant des frais, et compte tenu de la performance des marchés et de ce qui semble être attendu de leur part, c'est de là que viendra la croissance des revenus pour plusieurs banques», a-t-il expliqué.

M. Werner a aussi souligné le fait que la présence de City National se concentrait essentiellement sur la côte Ouest américaine, ce qui fait en sorte que la Royale n'aura pas à concurrencer les activités américaines de ses consoeurs canadiennes. La Banque de Montréal [[|ticker sym='t.bmo'|]]  est surtout présente dans le Midwest américain, tandis que la Banque TD [[|ticker sym='t.td'|]]  l'est principalement dans le nord-est.

Selon M. McKay, City National est en bonne posture du point de vue stratégique et elle se trouve sur les plus grands et le plus convoité des marchés américains, incluant New York, Los Angeles et la région de la baie de San Francisco.

«En fait, la valeur nette du patrimoine des populations de ces trois marchés est plus de quatre fois et demie plus élevée que celle de l'ensemble de la population du Canada», a-t-il illustré.

Le grand patron de City National [[|ticker sym='cyn'|]]  restera au sein de l'entreprise et sera aussi responsable des activités de gestion de patrimoine de la Royale aux États-Unis.

La branche de gestion de patrimoine de la Banque Royale compte environ 340 000 ménages américains parmi ses clients. La transaction annoncée jeudi, qui sera réglée en espèces et en actions, permettra à la banque d'offrir une plus large gamme de produits financiers à ces clients, a noté M. McKay.

En vertu de l'entente, les actionnaires de City National recevraient l'équivalent de 93,80 $ US par action - environ la moitié en espèces et l'autre en actions de la Banque Royale.

Le titre de City National a terminé la séance de mercredi à 74,57 $ US à la Bourse de New York, mais il avançait jeudi après-midi de plus de 19 pour cent, pour s'échanger à 88,83 $ US.

L'entente est assujettie à diverses approbations, de la part des autorités réglementaires et des actionnaires de City National.

«Nous envisageons avec grand enthousiasme la fusion avec RBC», a affirmé dans un communiqué le président du conseil et chef de la direction de City National, Russell Goldsmith. «Grâce à elle, nos actionnaires profiteront d'une importante valeur ajoutée et nous aurons l'occasion de participer à la croissance de RBC.»