Puisque le contenu de la mise à jour économique du gouvernement Couillard affectera sa rentabilité, le Mouvement Desjardins n'écarte pas la possibilité de réviser à la baisse le montant des ristournes versées aux épargnants.

La coopérative établie à Lévis a fait savoir mercredi que les mesures annoncées la veille à l'endroit des institutions financières - qui engrangent des profits records cette année - lui coûteraient plus de 50 millions $ pour chacune des deux prochaines années.

«Il y aura des questions à se poser, a expliqué son porte-parole, André Chapleau, au cours d'un entretien téléphonique. Est-ce qu'on donne moins en ristournes pour investir davantage dans notre capital?»

D'après le Mouvement Desjardins, l'augmentation de la taxe temporaire sur la masse salariale, qui passe de 2,2 pour cent à 3,52 pour cent, se traduirait par un montant supplémentaire à payer de 32 millions $.

Québec estime notamment que l'augmentation de la surtaxe temporaire devrait lui rapporter 42 millions $ en 2014-2015, 125 millions $ en 2015-2016 et 129 millions $ pour l'exercice 2016-2017.

De plus, la hausse de la taxe sur le capital des primes d'assurance devrait coûter 22 millions $ à la filiale d'assurance de personnes du Mouvement Desjardins dès 2015.

«Nous sommes soumis à des exigences plus élevées dans le cadre des accords de Bâle III qui touchent notre capitalisation, a dit M. Chapleau. Ça pose la question du partage des excédents. Il y a de la réflexion à faire.»

En 2013, le Mouvement Desjardins - qui emploie quelque 45 000 personnes, dont plus de 40 000 au Québec - a versé 171 millions $ en ristournes à ses épargnants.

La baisse des ristournes n'est toutefois pas un nouveau phénomène. De 2007 à 2012, le montant versé a diminué de façon considérable pour passer de 592 millions $ à 279 millions $.

«Contrairement à la croyance populaire, Desjardins paye une large part d'impôts, a souligné M. Chapleau. En considérant les impôts directs et indirects (...) on parle d'au-delà d'un milliard de dollars aux différents paliers de gouvernement.»

De son côté, la Banque Nationale (TSX:NA) n'a pas voulu faire de commentaires sur les nouvelles mesures, alors que la Banque Laurentienne (TSX:LB) a fait savoir qu'elle n'avait pas chiffré leurs impacts. Du côté des assureurs, l'Industrielle Alliance (TSX:IAG) a également préféré ne pas commenter.

S'il est encore trop tôt pour détailler la stratégie de Desjardins afin d'absorber ces coûts supplémentaires, M. Chapleau a tout de même indiqué que la coopérative ne s'attendait pas à de telles mesures dans la mise à jour du ministre des Finances, Carlos Leitao.

«Il y a toutes sortes de choses qui peuvent se passer en 2015, mais il est sûr que ça va inévitablement avoir un impact sur notre rentabilité globale et nos activités», a-t-il expliqué.

M. Chapleau n'a pas voulu dire si ces coûts supplémentaires pourraient freiner les ambitions de croissance du Mouvement Desjardins, mais a assuré que cette situation ne se traduirait pas nécessairement par une augmentation des prix de certains produits offerts.

Par ailleurs, l'acquisition des activités canadiennes de l'américaine State Farm - annoncée en janvier dernier pour un montant qui n'a pas été dévoilé - n'était pas compromise par les nouvelles mesures, a-t-il fait savoir.

La clôture de cette transaction est prévue pour le 1er janvier.

D'après le ministre Leitao, la révision des mesures fiscales annoncées dans sa mise à jour automnale devrait procurer à Québec 722 millions $ d'ici le mois de mars 2016. De cette somme, 431 millions $ proviendront des entreprises.