Les importantes mesures de réduction des coûts d'exploitation annoncées mardi par la Banque Scotia (T.BNS), notamment l'abolition prévue de 1500 postes, pourraient présager de changements à venir dans le secteur bancaire au Canada, croient des analystes.

Après avoir traversé sans trop de dégâts plusieurs années de turbulences économiques mondiales, la Scotia a annoncé mardi la fermeture de 120 succursales de sa division Opérations internationales, alors qu'elle compte inscrire dans son bénéfice du quatrième trimestre des charges totalisant 341 millions de dollars après impôt. La banque prévoit malgré tout atteindre ses objectifs financiers pour 2014.

«Ces types de changements surviennent habituellement à la fin de l'exercice financier - soit avant le versement des primes», a indiqué dans un entretien le vice-président à la recherche et à la gestion de portefeuilles de la firme Richardson GMP, Gareth Watson. «Il n'est pas du tout surprenant que cela survienne à ce moment-ci.»

Les grandes banques canadiennes commenceront à divulguer leurs résultats annuels le 2 décembre, en commençant par la Banque de Montréal [[|ticker sym='T.BMO'|]]. Certains observateurs se demandent si les mesures annoncées mardi par la Scotia ne seront pas imitées par les autres banques, dans un contexte où la croissance mondiale est faible et où les résultats ne répondent pas toujours aux attentes dans certaines régions.

«Alors que certains phénomènes semblent être particuliers à la Scotia, les charges illustrent quand même des inquiétudes croissantes des marchés face aux activités des banques canadiennes et des perspectives de croissance», écrit dans une note l'analyste John Aiken, de la firme Barclays. «L'annonce de la Scotia pourrait porter ombrage aux autres banques, car les investisseurs ont tendance à extrapoler.»

Le titre de la Banque Scotia a perdu mardi 1,59 $ à la Bourse de Toronto, pour clôturer à 67,19 $.

La banque n'a pas annoncé de fermetures de succursales au Canada, mais elle a indiqué que sur les 1500 postes en équivalent temps plein qu'elle prévoit abolir, environ les deux tiers le seraient au Canada, dont certains à son siège social de Toronto. La banque a aussi indiqué qu'elle centraliserait et automatiserait certaines fonctions dans ses succursales, et qu'elle apporterait des changements dans le secteur de la gestion du patrimoine.

«Nous sommes satisfaits de notre présence ici au Canada, alors je ne prévois pas de fermetures de succursales ici», a indiqué mardi le président et chef de la direction de la Scotia, Brian Porter, lors d'une conférence téléphonique avec les analystes.

Le portrait est cependant bien différent à l'étranger: la banque prévoit fermer 10 % de ses succursales à l'extérieur du Canada, notamment au Mexique et dans les Antilles. Mais la Scotia souhaite continuer à investir dans ses activités à l'étranger, a indiqué M. Porter, successeur depuis un an de Rick Waugh, qui avait été grand patron de la Scotia pendant 10 ans.

«Nous mettons en place un nouveau système bancaire de base au Mexique, et nous investissons toujours dans d'autres secteurs, comme les services bancaires itinérants», a-t-il indiqué. «Ce qui est surprenant pour nous, c'est qu'à l'étranger, nous avons connu de bonnes croissances des actifs pendant trois ou quatre ans, mais cela ne s'est pas toujours reflété dans les résultats.»

La banque prévoit que cette restructuration lui permettra de réaliser, à terme, des économies annuelles d'environ 120 millions de dollars en coûts permanents, mais ces mesures ne devraient pas apporter toutes leurs retombées avant l'exercice 2016, qui commencera en novembre prochain.

En plus d'une provision de restructuration au quatrième trimestre d'environ 148 millions de dollars- surtout des charges d'indemnités de départ -, la banque compte aussi inscrire des provisions supplémentaires pour pertes sur prêts d'environ 109 millions de dollars, notamment pour trois prêts douteux dans son portefeuille antillais du secteur hôtelier.

Elle inscrira aussi une réduction de valeur d'environ 129 millions de dollars sur la valeur comptable de son investissement au Venezuela, et prévoit effectuer une passation en charges d'environ 47 millions de dollars pour des dividendes non versés dans le Banco del Caribe au Venezuela, en raison d'une révision du taux de change.