Malgré sa refonte par Desjardins, le processus de vente annuelle de dizaines de millions de dollars en actions de sa filiale de capital-risque pour PME, Capital régional et coopératif Desjardins (CRCD), suscite encore du mécontentement parmi des investisseurs qui disent en avoir été privés indûment, ces jours-ci.

Et ce mécontentement est amplifié par le fait que Desjardins a dû réduire de moitié cette année le montant annuel de l'émission d'actions du CRCD, afin que leurs acquéreurs demeurent admissibles au crédit d'impôt qui a été modifié par le gouvernement québécois.

Ainsi, le montant total de 2014 s'élève à 63 millions, comparativement aux 150 millions par an auparavant. De plus, Québec a réduit de 5000 à 3000$ la somme individuelle d'actions admissible au crédit d'impôt, également réduit de 50% à 45%.

Malgré ces changements, les actions de CRCD ont conservé leur popularité parmi les investisseurs à la recherche d'un placement à long terme en capital-risque - détention minimale de sept ans - avec un important bénéfice fiscal à l'achat.

Avec les nouveaux barèmes fiscaux de Québec, on estime, à la direction du CRCD, pouvoir satisfaire quelque 21 000 acquéreurs d'actions, qui obtiendront leurs titres à partir de lundi prochain. Mais cela à condition qu'ils se soient inscrits dans le nouveau système de réservations obligatoire mis en place cette année, avec une seule journée de fonctionnement, le 22 septembre dernier.

Important de prime abord, ce nombre de 21 000 acquéreurs est tout de même réduit d'un tiers par rapport aux quelque 34 000 de chaque année antérieure, lorsque l'émission d'actions pouvait atteindre 150 millions.

Et même avec ce montant plus élevé, les récentes émissions d'actions du CRCD avaient généré des problèmes de gestion et de suivi d'achat en raison de ventes excédentaires dans le réseau des caisses populaires.

Pour éviter la répétition de ces problèmes, Desjardins a instauré cette année un système obligatoire de réservations, en plus d'améliorer la compilation des ventes d'actions au fur et à mesure de leur inscription dans les caisses populaires.

«Nous sommes passés d'un système qui fonctionnait un peu à la mitaine à un système moderne et consolidé de gestion des ventes d'actions du CRDC, a expliqué Richard Lacasse, porte-parole de la direction du CRDC.

«Cela dit, étant donné la popularité des actions du CRDC, nous savions que nous ne pourrions pas, encore cette année, répondre à la demande qui dépasse largement l'offre. Nous voulions aussi éviter les problèmes antérieurs provoqués par la survente d'actions parmi les caisses.»

N'empêche, de l'avis d'investisseurs qui ont pris contact avec La Presse ces derniers jours, ce nouveau système de réservations pour les actions du CRCD aurait conservé le pire défaut des ventes antérieures, c'est-à-dire l'épuisement trop rapide - en quelques minutes à peine - des allocations d'actions dans chaque caisse.