Craignant de perdre leur crédit d'impôt, le Fonds de solidarité FTQ et Fondaction CSN ont proposé au gouvernement fédéral d'investir jusqu'à 2 milliards de dollars en capital de risque hors du Québec en 10 ans. Mais en vain.

Intraitable, le gouvernement du Canada maintient l'abolition graduelle du crédit d'impôt de 15% d'ici 2017 dans son projet de loi, déposé mardi, mettant en oeuvre les mesures prévues dans le dernier budget du ministre Flaherty.

On a appris hier que les deux fonds de travailleurs ont proposé à Ottawa dans les dernières semaines d'investir, d'une part, la somme de 400 millions dans des fonds privés hors du Québec et, d'autre part, 550 millions dans des fonds privés québécois ayant la possibilité d'investir ailleurs au Canada.

De plus, un peu plus de 1 milliard, selon cette proposition, aurait été investi directement dans des entreprises de partout au Canada en complémentarité avec ces fonds, pour un total de 2 milliards en 10 ans.

«Il n'y aurait pas de clause Québec [contrairement aux obligations actuelles], a indiqué en conférence de presse Yvon Bolduc, président-directeur général du Fonds de solidarité FTQ. Le gouvernement du Québec avait donné son accord pour faire des investissements partout au Canada.»

Reproches du fédéral

Que Québec permette l'exode de l'épargne des Québécois hors de la Belle Province étonne, puisque la raison d'être des fonds de travailleurs est d'encourager l'épargne-retraite des travailleurs québécois pour aider les PME d'ici.

Cette proposition-surprise visait à répondre aux reproches que le fédéral a adressés aux fonds de travailleurs lors d'échanges entre les fonctionnaires des Finances et les responsables des fonds de travailleurs qui ont suivi le dépôt du budget.

«On nous avait reproché de ne pas faire assez de capital de risque pour le montant de crédit d'impôt qui nous avait été accordé; que ça coûtait trop cher; que c'était trop concentré au Québec», a expliqué M. Bolduc.

Les patrons des fonds de travailleurs situés au Québec ont exprimé leur désarroi face au refus du gouvernement Harper de revenir sur sa décision, malgré les appuis favorables qu'ils ont reçus en provenance du milieu des affaires.

«On ne comprend pas la position du gouvernement fédéral. On estime que les pourparlers devraient se poursuivre et on tend la main encore une fois pour essayer de trouver une solution gagnante pour toutes les parties», a souhaité M. Bolduc.

Au cours des derniers mois, 250 personnes ou organismes ont signifié à M. Flaherty leur appui au maintien du crédit d'impôt de 15% accordé aux souscriptions des particuliers aux fonds de travailleurs. Le ministre des Finances a également reçu près de 40 mémoires et 125 000 signatures ou courriels à ce sujet.