La menace de revenus de retraite insuffisants pour des dizaines de millions de travailleurs et de contribuables dans tout le monde développé interpelle de plus en plus les décideurs politiques et financiers.

C'est aussi ce qui a motivé les organisateurs de la Conférence de Montréal d'en faire l'un des thèmes d'ouverture, hier, avec des panélistes venus d'Europe, des États-Unis et d'Australie pour présenter la situation dans leur pays respectif. Et discuter de remèdes potentiels à un problème susceptible de provoquer de vives tensions sociales et politiques.

La mauvaise nouvelle qui ressort de ces discussions: au lieu de se stabiliser, le problème des caisses de retraite menacées de grave insuffisance déborde maintenant des économies dites développées.

«La démographie [population vieillissante] est contre nous dans toutes les économies, même celles encore en émergence comme la Russie et le Brésil. De plus, nous les voyons répéter les mêmes erreurs que nous avons faites chez nous», a déploré Claude Lamoureux, ex-président du régime de retraite des enseignants de l'Ontario (Teachers') et un analyste d'expérience dans ce secteur.

En contrepartie, la bonne nouvelle dans ces discussions, c'est au Canada qu'elle s'observerait, a suggéré Jeffrey Orr, président et chef de la direction de la Corporation financière Power, qui chapeaute quelques gros fournisseurs de services financiers de retraite au Canada.

«Parce qu'il est mieux équilibré [entre régimes publics et privés], le système de retraite au Canada se porte plutôt bien, comparativement aux autres pays de l'OCDE, et même sur une base mondiale», a-t-il indiqué.

Selon des chiffres présentés par Jeffrey Orr, les Canadiens auraient quelque 6100 milliards de dollars en actifs utilisables pour soutenir leurs revenus de retraite: des régimes publics ou privés jusqu'à la valeur nette de leur résidence.

Mais cette situation avantageuse à première vue n'est pas sans défaut. «Notre défi au Canada, c'est qu'il y a beaucoup plus de problèmes de viabilité financière parmi les régimes des travailleurs du secteur privé comparativement à ceux du secteur public», a souligné Claude Lamoureux.

Des réformes pour s'inspirer

Ailleurs dans le monde, où l'on retrouve aussi des régimes de retraite menacés d'insuffisance grave, des intervenants sont venus présenter hier à la Conférence de Montréal des réformes qui pourraient en inspirer d'autres.

En Suède, par exemple, l'implantation, il y a 20 ans, d'un système de comptes individuels et obligatoires a mené à une migration progressive vers des régimes de retraite à cotisations déterminées, plutôt qu'à prestations déterminées.

«Notre système est devenu plus flexible pour tous, les participants comme les contributeurs. Il s'est aussi avéré positif pour l'économie de la Suède et son secteur financier», a résumé Edward Palmer, professeur en économie de l'assurance sociale à l'université d'Uppsala.

En Australie aussi, le développement depuis plusieurs années d'un système public de «superannuation» basé sur des prestations modulées en fonction des revenus réels à la retraite a provoqué une migration presque totale des régimes privés vers le type à cotisations déterminées.

Il en a émergé tout une «industrie» d'une cinquantaine de fonds de retraite par secteur d'activité, gérés privément et à faibles coûts, a relaté Tony Lally, président de l'Association des caisses de retraite de l'Australie.

Pendant ce temps, aux États-Unis, le système de retraite partagé entre les régimes publics et les comptes privés de type «401k» doit colmater des failles de plus en plus béantes.

«Près de la moitié [45%] de la population américaine est encore à risque de revenus inadéquats à la retraite. Aussi, au moins 40 millions de salariés de petites entreprises n'ont encore aucun fonds de retraite privé, au-delà de la sécurité sociale du gouvernement», a expliqué Edmund Murphy, directeur de Putnam Investments, une firme de services financiers aux particuliers aux États-Unis.

Organisateur

Forum économique international des Amériques (Montréal)

Origine

fondée en 1994 à Montréal par son président Gil Rémillard, un avocat, professeur universitaire et ex-ministre du Québec en affaires intergouvernementales.

En 2013

19e édition, avec conférences-soeurs à Palm Beach (Floride, en avril) et à Toronto (en octobre)

Achalandage

3000 participants payants à Montréal

Agenda

3 jours de discussions et de tables rondes regroupant 150 conférenciers internationaux

Origine des participants

50 % d'Amérique du Nord 30 % d'Europe 20 % du reste du monde