Le PDG de la banque JPMorgan Chase (JPM), Jamie Dimon, a conservé son titre à l'issue de l'assemblée générale du groupe mardi au cours de laquelle des actionnaires ont demandé la scission de ses fonctions de président et directeur général.

La proposition visant à séparer ces fonctions n'a reçu que 32,2% des suffrages des actionnaires réunis à Tampa en Floride, moins que les 40% qu'avait récoltés une proposition similaire l'an dernier.

Lors de cette assemblée d'un peu moins de deux heures, une litanie d'actionnaires a pris la parole pour critiquer la gestion par les dirigeants de la banque de l'affaire de la baleine de Londres.

La «baleine» fait référence au surnom d'un ex-courtier de la banque, le français Bruno Iksil, qui s'était fait remarquer par ses énormes paris risqués dans les dérivés d'obligations émises par des États européens. Avec l'aggravation de la crise européenne, ces paris ont occasionné des pertes de plus de 6 milliards de dollars, même si la première banque américaine en termes d'actifs est dans l'ensemble restée bénéficiaire.

«Nous apprécions le soutien des actionnaires», «nous prenons le retour des actionnaires très au sérieux» a commenté M. Dimon dans un communiqué publié à l'issue de la réunion.

Le principal administrateur indépendant, l'ex-PDG d'ExxonMobil Lee Raymond, a assuré que le groupe faisait «attention à ce que nous avons entendu» et qu'il fallait «donner un peu de temps (au CA) pour digérer et réfléchir à sa structure».

M. Dimon tenait absolument à conserver la présidence du conseil d'administration (CA) et avait laissé entendre en privé qu'il était prêt à quitter la banque s'il la perdait, selon la presse financière américaine.

Mardi, il a reconnu que la baleine de Londres avait été une source de «honte» mais a souligné que le groupe avait malgré cela généré des bénéfices «records» de 21,3 milliards de dollars en 2012.

Le syndicat de fonctionnaires AFSCME, dont le fonds de pension détient des titres JPMorgan, fait partie des investisseurs qui réclamaient la scission des postes de président et DG de Jamie Dimon.

L'une de ses représentantes, Lisa Lindsey, a affirmé mardi que séparer ces fonctions «éliminerait les conflits d'intérêts créés lorsque le directeur général est également son propre patron».

Elle a fustigé les problèmes régulatoires de la banque «y compris les manipulations du prix de l'énergie» ou «les saisies de logements d'anciens combattants», qui ont miné selon elle la réputation de JPMorgan Chase auprès du grand public et auprès des autorités américaines.

De nombreux actionnaires ont pris la parole après elle pour souligner que dans une entreprise de la taille de JPMorgan Chase, être directeur général prenait trop de temps pour présider en même temps le conseil d'administration, entre autres arguments.

Quelques actionnaires ont à l'inverse pris la parole pour défendre les dirigeants de la banque.

Lee Raymond, a plaidé pour éviter les «perturbations» et un changement de structure du CA: «nous pensons que la structure actuelle du CA, avec Jamie Dimon directeur général et président d'un CA à la mentalité indépendante, a bien servi l'entreprise et les actionnaires», a-t-il dit.

Il a assuré que les différents administrateurs, qui comptent l'ex-directeur financier de Boeing James Bell et l'ex-PDG de Johnson & Johnson William Weldon, «n'étaient pas parvenus à leur poste en faisant tapisserie».

À son propre égard, l'ex-patron du premier groupe pétrolier américain a ironisé sur ceux qui mettent en doute sa capacité à tenir tête à Jamie Dimon: en 50 ans de carrière, «c'est la première fois qu'on m'accuse de ne pas être assez dur».

Les 11 administrateurs du groupe ont tous été reconduits, même si l'une d'entre elles, Ellen Futter, membre du comité de risque du groupe, ne l'a été qu'à une faible marge.