Le milieu des services financiers est devenu accro des technologies informatiques de pointe! Mais l'arrimage des meilleures compétences de part et d'autre demeure difficile, en particulier dans un centre financier de taille intermédiaire comme Montréal.

C'est ce qui motivait le colloque Fintech tenu hier par Finance Montréal, la grappe des services financiers du Québec.

«La demande en technologies de l'information [TI] est massive en finance. Avec ce que nous avons déjà à Montréal, ne pourrait-on pas reproduire en TI financières le niveau de performance qui a été atteint dans les jeux vidéo?», a lancé son directeur général, Éric Lemieux.

Des outils essentiels

Depuis trois décennies, les TI se sont insérées partout dans les services financiers, en gestion interne et en services aux clients. Elles sont devenues des outils essentiels d'efficacité et de rentabilité dans un marché très concurrentiel.

«Il y a des occasions extraordinaires pour développer de nouveaux modèles d'affaires entre la finance et les TI», selon Henri-Paul Rousseau, vice-président du conseil de la Corporation financière Power et un ex-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec et de la Banque Laurentienne.

Selon une analyse qu'il a présentée, les moyens électroniques (appareils portables, internet, guichets automatisés) accapareront bientôt 95% des transactions bancaires, soit trois fois plus qu'en l'an 2000.

Chez le géant montréalais de l'informatique CGI, le secteur financier est l'un des principaux marchés de croissance au Canada et à l'international, a témoigné son président, Michael Roach. Ce secteur représente 17% des 10 milliards de revenus de l'entreprise. Il occupe 16 000 de ses 40 000 employés, dont 2400 au Canada et 1500 à Montréal.

CGI voit encore plus grand. «Les deux tiers des présidents en finance prévoient des changements majeurs dans leurs TI d'ici trois ans», a dit M. Roach.

«Déjà, le secteur financier dirige 6,6% de ses revenus vers les TI. C'est deux fois plus que la moyenne de tous les secteurs d'affaires.»

Au Mouvement Desjardins, quelque 400 millions par année vont dans les projets en TI. Ils occupent 2500 employés et quelque 500 contractuels spécialisés.

Recrutement outremer

N'empêche, Desjardins est souvent à court de talents disponibles et doit parfois aller recruter outre-mer. «Nous avons une meilleure job à faire auprès des universitaires en TI pour leur montrer l'ampleur des opportunités en finance, plutôt qu'en multimédia et dans les jeux vidéo», a admis Robert Ouellette, premier vice-président et directeur des technologies chez Desjardins.

À la Caisse de dépôt et placement, où les TI ciblent l'analyse de données de marché plutôt que des activités transactionnelles, la recherche des bons talents est aussi un défi permanent, a indiqué Pierre Miron, premier vice-président aux opérations et TI.

Des solutions s'élaborent, néanmoins. À l'instar d'autres sociétés financières à Montréal, Desjardins et la Caisse ont développé des relations suivies avec les universités. Pour les assister dans l'élaboration de cours pertinents, mais aussi identifier les jeunes talents les plus prometteurs, en stage et en emploi futur.