L'ex-informaticien de la banque HSBC Genève, dont la Suisse demande l'extradition pour le vol de fichiers bancaires qui avait permis d'identifier des milliers d'évadés fiscaux, affirme que des responsables américains lui avaient conseillé de se réfugier en Espagne, car sa vie était en danger, dans une entrevue publiée dimanche.

Herve Falciani, un franco-italien de 40 ans, avait été arrêté à Barcelone le 1er juillet 2012 où il était arrivé en bateau en provenance de Sète, en France. Il fait l'objet d'un mandat d'arrêt international pour violation du secret bancaire lancé par la Suisse qui a demandé à l'Espagne son extradition.

Falciani avait transmis aux autorités françaises les données bancaires d'au moins 24 000 clients de filiales de la banque suisse HSBC entre 2006 et 2008 alors qu'il était travaillait comme informaticien à Genève.

Ces fichiers transmis par les enquêteurs français à leurs homologues aux États-Unis, en Espagne, en Italie et dans d'autres pays de l'Union européenne avaient déclenché une série de poursuites contre les fraudeurs.

Hervé Falciani a déclaré au quotidien espagnol qu'un mois avant sa fuite vers l'Espagne, il avait été averti par des responsables de la justice américaine, avec lesquels il collaborait depuis Paris, que sa vie était en danger.

«Les États-Unis m'ont prévenu que quelqu'un pourrait aisément payer pour me faire tuer. Que je devais sérieusement planifier ma fuite. J'ai choisi l'Espagne en sachant que j'irai en prison et que la Suisse demanderait mon extradition», a-t-il dit.

«J'avais deux possibilités: soit commencer une nouvelle vie aux États-Unis ou m'exiler quelque part pour gagner du temps. Ils m'ont dit que le seul endroit sûr serait l'Espagne, pays qui avait utilisé mes informations avec succès dans plusieurs cas importants».

«Ils pensaient qu'il était peu probable que l'Espagne accepterait mon extradition vers la Suisse,» a ajouté Falciano.

Le 15 avril le parquet espagnol s'est opposé à l'extradition d'Hervé Falciani vers la Suisse lors d'une audition à Madrid. La justice doit rendre sa décision dans les prochaines semaines.

En liberté provisoire depuis décembre et sous protection policière, Hervé Falciani est arrivé lundi au tribunal, dans la banlieue de Madrid, à bord d'une voiture tout-terrain aux vitres blindées, le visage dissimulé sous une barbe, une perruque et des lunettes à épaisse monture noire.

Devant le tribunal, Falciani a affirmé que son intention était de révéler ce qui se passait dans la banque suisse, mais que «jamais, en aucun cas» il n'avait touché d'argent pour divulguer ces fichiers, qui, récupérés par le fisc français en 2008, avaient permis de découvrir des milliers d'évadés fiscaux dans le monde et avaient mené au redressement fiscal de fraudeurs français.