La finance montréalaise compte un nouveau membre originaire de Londres qui a l'ambition d'être un intervenant significatif dans le marché des produits dérivés géré par la Bourse de Montréal.

Il s'agit de la firme On Screen Trading Company (OSTC), qui compte 13 bureaux et regroupe quelque 350 négociateurs actifs sur les principales Bourses de produits dérivés dans le monde.

OSTC agit surtout à titre de mainteneur de marchés et de gestionnaire de portefeuille de produits dérivés pour des firmes d'investissement institutionnelles, dont le Kyte Group de Londres.

À Montréal, OSTC a inauguré hier son premier bureau de négociations en Amérique du Nord. Elle projette d'y embaucher et de former d'ici deux ans une soixantaine de négociants en produits dérivés, en collaboration étroite avec la Bourse de Montréal.

Main-d'oeuvre disponible

Selon les dirigeants d'OSTC, dont Richard Audet, son nouveau directeur montréalais et un professionnel d'expérience dans les produits dérivés, deux facteurs principaux ont motivé le choix de la métropole québécoise pour ce premier bureau nord-américain.

D'une part, la disponibilité de diplômés provenant de cinq universités dans des disciplines qui sont connexes au marché des produits dérivés, soit la finance, les mathématiques et le génie informatique.

D'autre part, l'incitatif fiscal du gouvernement du Québec afin de favoriser l'implantation de firmes en finance internationale et la création d'emplois de calibre professionnel.

Cet incitatif offert aux centres financiers internationaux (CFI) prend la forme d'un crédit d'impôt sur la masse salariale, jusqu'à concurrence de 30% du total ou un maximum annuel de 20 000$ par employé. Récemment modifié, ce programme des CFI coûte 12 millions de dollars par année en «dépenses fiscales» au gouvernement du Québec, a-t-on indiqué hier à La Presse Affaires.

Mais de l'avis du ministre des Finances, Nicolas Marceau, présent à l'inauguration d'OSTC hier, le coût fiscal du programme des CFI demeure justifié afin de favoriser l'essor de certaines activités spécialisées en finance à Montréal. «Après des années difficiles, Montréal connaît un regain de son rayonnement financier à l'international», a-t-il indiqué, en citant son progrès de la 28e à la 17e place au classement des villes financières.

Par ailleurs, OSTC a aussi obtenu du gouvernement du Québec une aide à la formation professionnelle de 209 000$ répartie sur deux ans. Cette aide servira à la formation d'une soixantaine de négociateurs en produits dérivés, dans lequel OSTC investira quelque 600 000$ de ses propres fonds.

Interpellé à ce sujet, le chef de la direction et cofondateur d'OSTC, Jonny Aucamp, a admis que les mesures incitatives en matière de fiscalité offertes par Québec étaient parmi les plus avantageuses du monde pour des emplois dans le secteur de la finance.

N'empêche, M. Aucamp et son nouvel adjoint à Montréal, Richard Audet, ont tenu à souligner la «culture de négociation boursière» qui persistait dans la métropole malgré les nombreuses transformations subies par la Bourse de Montréal.

Aussi, Richard Audet a mentionné le «potentiel considérable» de développement des intervenants de marché comme OSTC qui pourrait émerger après la mise en place de nouveaux mécanismes de transaction des produits dérivés, qui seront plus rigoureux qu'auparavant.

Ces changements découlent de la grave crise financière de 2008. Cette crise a été attribuée en partie au dérapage de certains produits dérivés qui étaient basés sur des titres financiers spéculatifs et échangés en privé, hors de la supervision des autorités boursières.