Pas sexy, les REER? Peut-être, mais ils sont assurément appétissants quand ils sont présentés par le Fonds de solidarité FTQ, qui tente de convaincre les jeunes, un cornet de crème glacée à la fois, d'investir chez lui.

Glace trois couleurs, pointes de tarte au citron alléchantes et - moins ragoûtant celui-là - cochon d'Inde «aux cheveux longs»: les nouvelles publicités du Fonds sont comiques et utilisent des situations qui n'ont rien à voir avec les discussions parfois fastidieuses avec des conseillers financiers. De l'aveu du président du Fonds de solidarité, Yvon Bolduc, le groupe veut attirer les jeunes, qu'il interpelle au «tu» dans ses publicités.

Crédit d'impôt «dilué»

Mais si le marketing est efficace, le rendement du Fonds, qui offre un crédit d'impôt de 30%, l'est un peu moins pour la jeunesse, estime Martin Dupras, président de la boîte de formation et de conseils ConFor financiers. «Si on est à 30 ou 35 ans de la retraite, le rendement va être moins important, c'est certain», dit-il. Le hic, c'est que l'économie d'impôt doit être calculée sur la durée de la détention obligatoire d'un REER. Or, si un jeune de 25 ans place ses économies dans un fonds comme celui offert par la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) et qu'il n'est pas en mesure d'y toucher avant d'obtenir une carte de l'âge d'or, le crédit d'impôt s'en trouvera dilué, illustre le spécialiste.

De là à tourner le dos à ce type de REER, il y a toutefois un pas. «Dans certains cas, on a le droit de retirer l'argent placé», rappelle Martin Dupras. «Si ces économies sont les seules que nous avons ou qu'elles constituent un dernier recours, alors une personne peut s'en servir pour payer une première résidence principale, par exemple.» Dans un tel cas, ajoute l'actuaire de formation, le Fonds de la FTQ devient fort intéressant.

Le choix d'un REER, insiste Martin Dupras, n'est pas une question d'âge, mais bien d'objectif. «Un REER peut être une bonne option pour un jeune qui veut faire des études supérieures ou un tour du monde à 32 ans», explique-t-il. À un jeune dans la vingtaine qui cherche réellement à épargner pour ses beaux jours, l'expert suggère un REER fortement pondéré en actions, comme un fonds commun de placement en actions ou un fonds équilibré surpondéré en actions. «Mais il faut une tolérance au risque, prévient-il, en référence aux aléas des marchés. Si votre tempérament fait que vous allez voir vos placements plus souvent, ce ne serait pas une bonne idée.» Au final, l'important reste d'épargner, croit-il. «Même si le Fonds de solidarité FTQ n'est peut-être pas la meilleure option pour les jeunes, il reste que les publicités encouragent l'épargne et ça, c'est toujours un réflexe sain», lance Martin Dupras, qui accueillit positivement la réflexion qu'entraînent les publicités. Et si ces pensées se transforment en discussions intergénérationnelles, ce sera encore mieux selon lui. «Chose certaine, c'est que les gens près de la retraite y trouveront leur compte», dit-il en référence au Fonds de la FTQ. «Quand on évalue la valeur du REER à cinq ou dix ans de la retraite, c'est assez spectaculaire.» À condition que les futurs retraités aient le bec sucré.