Après avoir rafraîchi ses succursales au cours des dernières années, la Banque Nationale (T.NA) veut désormais concentrer ses investissements dans la sphère numérique.

«Nous sommes plutôt satisfaits de notre réseau de succursales. Nous y avons investi beaucoup d'argent au cours des trois ou quatre dernières années, de sorte que plusieurs de nos succursales ont aujourd'hui meilleure allure et sont mieux situées qu'auparavant», a déclaré jeudi le grand patron de l'institution montréalaise, Louis Vachon, au cours d'une téléconférence avec les analystes financiers.

«Comme d'autres, nous constatons une hausse significative de l'usage des canaux électroniques et nous prévoyons que cela se poursuivra, a-t-il ajouté. Le nombre de transactions effectuées en succursales stagne, alors je crois que nous devons rediriger nos ressources là où il y a de la croissance, c'est-à-dire dans l'univers numérique.»

En 2013, la Banque Nationale prévoit ouvrir trois nouvelles succursales, soit le même nombre que cette année, de sorte que son réseau devrait compter un total de 454 établissements l'automne prochain.

À la Banque Laurentienne, le nombre de succursales est demeuré stable (157) au cours des dernières années alors que chez Desjardins, le nombre de caisses populaires a légèrement diminué.

Par contre, deux institutions torontoises accroissent leur présence au Québec: la Banque TD prévoit y ouvrir six nouvelles succursales en 2013 pour un total de 125 et la Banque de Montréal, trois pour un total de 147.

En dépit de cette intensification de la concurrence, la Banque Nationale soutient que ses parts de marché et la fidélité de ses clients sont à la hausse.

Résultats

À preuve, les profits nets de l'institution ont augmenté de 20 pour cent à son quatrième trimestre, qui a pris fin le 31 octobre. Ils sont passés de 292 millions $ (1,62 $ par action) l'an dernier à 351 millions $ (1,97 $ par action) cette année.

En excluant les éléments particuliers, y compris des indemnités de départ totalisant 65 millions $, le bénéfice par action s'est établi à 1,93 $, soit légèrement plus que la prévision moyenne de 1,92 $ des analystes financiers.

Cet automne, la Banque Nationale a licencié environ 300 employés dans le but d'économiser environ 30 millions $ par année.

«La marge bénéficiaire du secteur des services aux particuliers et aux entreprises a reculé de 0,3 point de pourcentage, mais cela a été en quelque sorte compensé par une forte hausse des prêts de 2,3 pour cent», a résumé l'analyste John Aiken, de Barclays.

La Banque Nationale explique une partie de son succès par sa décision de mettre l'accent sur les prêts garantis comme les hypothèques plutôt que sur les cartes de crédit, dont le profil de risque est plus élevé.

Au cours des prochaines années, l'institution voit des perspectives intéressantes de croissance dans la négociation d'actions et de titres à revenu fixe pour le compte de clients étrangers.

«Nous y voyons une stratégie dont le risque est relativement faible et dont le potentiel de rentabilité est intéressant», a noté M. Vachon.

Claude Breton, porte-parole de la Banque Nationale, a précisé que cette offensive n'allait pas nécessiter l'ouverture de nouvelles antennes à l'étranger. Elle s'exécutera à partir des bureaux existants de Montréal, New York, Londres et Hong Kong.

«Nous avons connu une forte progression de nos liens d'affaires avec les banques centrales et fonds souverains partout dans le monde dans leurs transactions en obligations et actions canadiennes, a affirmé M. Breton. C'est une lancée sur laquelle nous souhaitons poursuivre.»

Louis Vachon a par ailleurs réitéré jeudi l'intention de la Banque d'utiliser d'éventuels gains provenant de l'appréciation de ses avoirs en papier commercial pour financer des rachats d'actions. En 2007, l'institution avait essuyé d'importantes pertes à cause de ces investissements risqués, mais la valeur de ceux-ci s'est accrue au cours des dernières années.

Jeudi, l'action de la Banque Nationale reculait de 1,43 pour cent pour clôturer à 76,66 $, à la Bourse de Toronto.