Les actions des grandes banques américaines n'en finissent pas de monter depuis le début de l'été. Et pour cause, les résultats trimestriels surpassent les prévisions des analystes. Est-ce le signe que cette embellie va se poursuivre?

Les grandes banques américaines ont été tellement endommagées par la crise financière qu'elles ne devraient pas être parmi les titres qui dominent au chapitre des performances boursières, explique Claude Boulos, associé et gestionnaire de portefeuilles chez Investissement Selexia.

Pourtant, depuis le début du mois de juin, alors que le S&P 500 s'est apprécié de 14%, le secteur financier (fonds négocié en bourse XLF) gagnait 22%. Certaines banques ont fait encore mieux. Citigroup [[|ticker sym='C'|]] a bondi de 50%, JP Morgan Chase de 41%, et Goldman Sachs de 39%.

Les grandes banques recèlent encore un potentiel d'appréciation important du fait que plusieurs se négocient actuellement à un cours inférieur à leur valeur comptable, explique M. Boulos. Par exemple, Citigroup et JP Morgan Chase [[|ticker sym='JPM'|]] s'échangent respectivement à 37$ et à 42,80$, bien en deçà de leur valeur comptable de 63$ et 50$.

Si cette situation prévaut, c'est que le rendement de l'avoir des actionnaires est encore trop faible et que des incertitudes continuent de planer sur la qualité du bilan.

Mais au même moment, la demande de prêts semble jouer en faveur d'une amélioration du rendement des banques. «Les portefeuilles de prêts de JP Morgan et de Wells Fargo [[|ticker sym='WFC'|]], les deux premières banques à publier leurs résultats, pointent vers une reprise de la croissance des prêts aux ménages», note Peter Rutledge, analyste à la Financière Banque Nationale.

Cette augmentation arrive au bon moment, car les banques font face à un rétrécissement des marges entre les taux qu'elles payent et les taux qu'elles facturent à leurs clients, explique Claude Boulos. «La question sera de savoir si le volume de prêts augmentera suffisamment pour compenser la diminution des marges», dit-il. Pour l'instant, les perspectives sont favorables. Depuis près d'un an, nous assistons à une bonne reprise des prêts automobiles, alors que les prêts sur cartes de crédit sont en hausse depuis six mois et que le segment des prêts hypothécaires semble en nette reprise depuis trois mois, note le gestionnaire. Un taux de croissance économique de 2-3% serait suffisant pour permettre aux banques d'augmenter leur rendement de façon intéressante, selon lui.

Des résultats encourageants

Pour les trois derniers mois, Citigroup a réalisé un bénéfice par action de 1,06$, après éléments exceptionnels, soit principalement une perte de 2,9 milliards liée à son placement dans Smith Barney. C'est inférieur au bénéfice de 1,23$ réalisé au même trimestre de l'année dernière, mais supérieur au consensus des analystes qui misait sur 0,96$. Ces résultats ont plu aux investisseurs.

Mais le lendemain, ils ont appris la démission du grand patron, Vikram Pandit, qui avait succédé à Charles Prince en 2007 peu avant que n'éclate la crise financière qui a bien failli emporter la banque. Cette démission, encore inexpliquée, ramène dans l'actualité certains problèmes persistants pour la banque, tels le refus des autorités réglementaires aux demandes de Citigroup de verser un dividende et de racheter ses actions, et la baisse de deux crans de sa cote de crédit par Moody's en juin dernier.

Chez JP Morgan, les pertes énormes causées plutôt cette année par un négociateur à Londres semblent maintenant chose du passé, et la banque a réalisé un bénéfice par action de 1,40$ au troisième trimestre sur des revenus de 25,9 milliards, soit 6% de plus que l'année dernière et 13% de plus qu'au deuxième trimestre. Le consensus des analystes prévoyait 1,21$ et 24,4 milliards.

Goldman Sachs [[|ticker sym='GS'|]] a également brillé au dernier trimestre, réalisant un bénéfice par action de 2,85$, alors que le consensus des analystes prévoyait 2,12$. Le revenu net provenant de ses activités de banque d'affaires a bondi de 49% comparativement au même trimestre de l'année précédente. Quant à ses activités d'arbitrage sur les marchés des obligations, des devises et des commodités, secteur où Goldman Sachs a toujours dominé, les revenus ont augmenté de 28%. Elle a haussé son dividende trimestriel de 0,46$ à 0,50$.