La banque américaine JPMorgan Chase a annoncé vendredi un bénéfice «record» de 5,7 milliards de dollars pour le troisième trimestre, en hausse de 34 % sur un an et meilleur qu'attendu grâce à une hausse du chiffre d'affaires et une baisse des provisions pour pertes.

La banque a aussi signalé que le portefeuille de dérivés de crédits risqués qui lui avait déjà coûté 6 milliards de dollars a encore essuyé des pertes d'environ 449 millions de dollars ce trimestre.

Sans compter les nombreux éléments exceptionnels du trimestre, le bénéfice par action ressort à 1,36 dollar. Les analystes tablaient en moyenne sur 1,21 dollar.

Le chiffre d'affaires a augmenté de 6 % sur un an à 25,1 milliards de dollars, mieux qu'attendu.

Les provisions pour pertes liées aux prêts ont reculé de 26 % à 1,8 milliard de dollars.

La première banque américaine en termes d'actifs a réalisé «une solide performance à travers toutes (ses) activités au troisième trimestre», s'est félicité le PDG Jamie Dimon.

Il a souligné notamment de bons résultats de la banque d'investissement, du courtage obligataire, la hausse des dépôts, des prêts aux entreprises et des prêts immobiliers.

«Nous estimons que le marché immobilier a repris», a-t-il indiqué, ajoutant lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes s'attendre à voir les émissions de prêts hypothécaires continuer à progresser.

La division d'investissement en propre (CIO), à l'origine des paris risqués sur les dérivés de crédit, a fini de déboucler les positions qui lui restaient sur ces contrats qui sont dorénavant aux mains de la division de banque d'investissement.

Au troisième trimestre, ces transactions ont encore coûté 449 millions de dollars à la division CIO en raison d'un resserrement des écarts de taux d'intérêts.

La division de banque d'investissement a de son côté essuyé «une perte modeste» sur ce portefeuille au cours du trimestre.

M. Dimon a dit «espérer» que les pertes resteront modestes à l'avenir sur ce qui reste du portefeuille, maintenant en mode de «réduction de risque».

«Il comporte des risques continus comme toutes (nos) positions», a-t-il rappelé, mais «les tests de résistance ont baissé de 20 à 30 % depuis la dernière fois que nous en avons parlé».

Ce portefeuille «évolue maintenant dans un intervalle, je ne m'en inquiéterais pas trop pour l'avenir de cette entreprise», a-t-il assuré.

Le New York Times affirme que les autorités américaines utilisent des conversations téléphoniques enregistrées pour monter un dossier pénal sur ces pertes, cherchant à savoir si elles ont été sciemment dissimulées par des ex-employés des bureaux londoniens de la division CIO.

En particulier, le courtier français Bruno Iksil, surnommé «la baleine de Londres» en raison de l'énormité de ses prises de position sur les dérivés de crédits, est visé. Il a été licencié de la firme cet été.

La banque a fortement remanié les rangs de sa direction depuis l'annonce de ces pertes en mai, qui ont terni sa réputation jusqu'alors impeccable, mais M. Dimon s'est refusé à commenter les informations de presse annonçant une démission prochaine du directeur financier Doug Braustein et d'autres dirigeants.

«Doug est un directeur financier de première classe. Nous n'allons pas annoncer à l'avance de tels développements. Nous avons toujours des discussions sur l'avenir de nos collaborateurs», a-t-il déclaré.

M. Dimon a refusé de donner des détails sur les multiples poursuites auxquelles ils font face sur le dossier des manipulations du taux du Libor ou des prêts immobiliers, se contentant de dire que les réserves pour contentieux du groupe avaient «un peu augmenté ce trimestre, un petit peu à cause de l'hypothécaire».

L'action était en baisse de 1,14 % à 41,62 dollars vers 9 h 13, heure de l'Est, dans les échanges électroniques précédant la séance officielle.

«Les résultats record de JPMorgan ne parviennent pas à exciter les investisseurs», constate le site d'analystes 247Wallst.com.