À grand renfort de publicité dans les journaux, la Banque Scotia a promis aux clients d'ING Direct que rien ne changera pour eux, malgré l'acquisition de la banque virtuelle pour 3,1 milliards de dollars.

Même numéro de compte. Même mot de passe. Même service à la clientèle. «ING DIRECT sera exploitée séparément et les clients pourront continuer d'interagir avec elle comme ils le font maintenant», a dit Anatol von Hahn, chef du Groupe Réseau canadien de la Banque Scotia.

Huitième banque en importance au Canada, ING Direct compte 1,8 million de clients, 30 milliards de dollars de dépôts et 29 milliards de prêts hypothécaires. 

La banque virtuelle a fait sa marque avec ses comptes à intérêts élevés, sans frais et sans solde minimal. Arrivée en 1997, ING Direct a forcé les grandes banques canadiennes à relever le taux d'intérêt de leurs comptes d'épargne.

Aujourd'hui, la majorité des banques versent 1,2% d'intérêt, presque autant qu'ING Direct dont le compte à intérêt élevé offre 1,35%.Mais l'achat d'ING Direct n'arrêtera pas la guerre des prix, selon Keith Sjögren conseiller senior pour la firme de recherche torontoise Investor Economics.

«Il y a plusieurs acteurs dans le domaine des comptes à intérêts élevés qui demeurera un marché hautement convoité», prédit-il.Depuis 15 ans, de nombreuses autres banques virtuelles ont suivi les traces d'ING Direct. Leurs taux sont généralement plus alléchants, comme le démontre notre tableau.

Par exemple, Achieva Financial, lancée en 1998, offre présentement un taux d'intérêt 2%.

Et la Banque Manuvie donne 1,75%.Côté hypothèques, ING Direct se distingue de la concurrence avec son «anthypothèque» qui permet aux emprunteurs de faire un remboursement anticipé de 25% du capital initial, chaque année, sans pénalité.

Cela permet aux propriétaires qui en ont les moyens de rembourser plus vite leur prêt et de payer ainsi moins d'intérêts.

«ING est le seul prêteur sur le marché qui est à 25%. Les grandes banques sont à 15%. Certains prêteurs virtuels vont jusqu'à 20%. Et d'autres offrent le choix entre 10, 15 et 20%, mais ajustent le taux d'intérêt en conséquence», explique Denis Doucet, directeur régional du courtier hypothécaire Multi-Prêts.

«Est-ce que le 25% ça va rester? Sans doute qu'il y aura un questionnement là-dessus, avance M. Doucet.

Par contre, ING Direct a un site internet très convivial. Scotia va pouvoir apprendre beaucoup d'eux.»

L'acquisition de eTrade Canada par la Banque Scotia, en 2008, démontre que les clients de Scotia ont profité de la transaction.

Durant les années 2000, eTrade avait réussi à aller chercher 5% du marché du courtage direct en déclenchant une guerre des prix qui a forcé toutes les filiales des grandes banques canadiennes a réduire les commissions sur les transactions de valeurs mobilières. 

Après l'acquisition, la Banque Scotia a intégré sa propre filiale de courtage direct à eTrade, qui a été rebaptisée iTrade. Ni la Banque Scotia, ni les autres banques n'ont remonté leurs prix par la suite.

Les clients de Scotia ont même profité de certains avantages de eTrade, comme la possibilité de faire une transaction à seulement 9,95$ pour les comptes de plus de 50 000$, alors qu'il fallait au moins 100 000$ pour avoir droit à cette tarification auparavant chez Scotia.

Par contre, la guerre des prix dans le domaine du courtage direct sur l'internet s'est essoufflée, après l'acquisition de eTrade.

Les autres firmes de courtage indépendantes n'ont pas la taille suffisante pour déstabiliser les filiales de courtage des grandes banques.