Standard Chartered est la dernière banque britannique à être mise au banc des accusés, alors que les États-Unis l'accusent d'avoir dissimulé des transactions avec l'Iran, une nouvelle affaire qui a fait chuter son cours et risque de ternir un peu plus l'image de la City.

L'établissement basé à Londres est accusé par le Département des services financiers (DSF) de New York d'avoir dissimulé des transactions avec l'Iran pour environ 250 milliards de dollars.

Standard Chartered aurait ainsi pendant au moins dix ans perçu des centaines de millions de dollars de commissions sur 60 000 transactions et «laissé le système financier américain vulnérable aux terroristes, trafiquants d'armes, trafiquants de drogue et régimes corrompus», selon le DSF.

Au lendemain de la publication de ces accusations, son action a lourdement chuté mardi à la Bourse de Londres: elle a perdu 16,76% à 1223,57 pences à la clôture.

La banque risque de perdre sa licence bancaire à New York, où est notamment basée son importante activité de compensation en dollars. Elle pourrait aussi risquer une amende.

Les britanniques Lloyds Banking Group et Barclays avaient accepté il y a quelques années de payer des centaines de millions de dollars d'amendes aux autorités américaines pour échapper à un procès. Elles étaient justement accusées d'avoir facilité des transactions financières pour des pays faisant face à des sanctions de la part des États-Unis, notamment l'Iran.

Standard Chartered a nié catégoriquement avoir commis des malversations, assurant que bien plus de 99,9% des transactions effectuées avec l'Iran étaient légales.

«Standard Chartered n'est pas une banque ordinaire. Sa réputation fait sa fierté et son équipe de direction est d'une grande intégrité... Il est très inquiétant de voir sa réputation souillée avant que les faits ne soient connus», s'est étonné Ian Gordon, analyste chez Investec.

«La banque va vraisemblablement faire face à des moments difficiles avant son audition devant les autorités la semaine prochaine, à cause de l'idée qu'il n'y a pas de fumée sans feu», a ajouté Richard Hunter, analyste du courtier Hargreaves Lansdown Stockbrokers.

Standard Chartered, surtout présente en Asie et en Afrique, avait peu fait parler d'elle ces derniers temps, se tenant à l'écart des nombreux scandales qui ont égratigné récemment l'image des autres banques britanniques.

HSBC vient ainsi d'être mise en cause aux États-Unis, par une commission d'enquête du Sénat, pour son rôle dans des activités de blanchiment d'argent lié au trafic de drogue ou au financement du terrorisme dans les années 2000.

Elle a annoncé lors de ses derniers résultats avoir provisionné 700 millions de dollars américains afin de payer de futures amendes dans cette affaire, mais les analystes estiment que la facture risque d'atteindre le milliard de dollars.

Barclays a pour sa part été décapitée -perdant son directeur général Bob Diamond- après le scandale des manipulations des taux interbancaires européen Euribor et britannique Libor.

Mais cette affaire promet de s'étendre, alors que des enquêtes sont en cours à travers le monde. La Royal Bank of Scotland (RBS) a ainsi déjà reconnu avoir renvoyé des employés et assure collaborer avec les autorités sur ce dossier.

Les banques sont également dans le collimateur sur le marché britannique: elles sont obligées de provisionner des milliards de livres à cause de produits d'assurance appelés «PPI», longtemps vendus d'office aux clients avant que cette pratique ne soit définitivement condamnée.

Elles doivent également dédommager certaines petites et moyennes entreprises dans une affaire de ventes de produits de couverture contre les variations de taux d'intérêt, qui avait été mises à l'index par l'autorité des marchés financiers (FSA) fin juin.