La banque d'affaires américaine Morgan Stanley (MS) a renoué avec les bénéfices au deuxième trimestre mais largement déçu Wall Street jeudi, clôturant une saison morne pour les résultats des banques.

Son bénéfice net est ressorti à 564 millions de dollars contre une perte de 558 millions un an plus tôt. Par action, il atteint 28 cents, là où les analystes tablaient sur 43 cents.

Le titre du groupe baissait nettement de 2,36% à 13,66 dollars lors des premiers échanges à Wall Street.

Le chiffre d'affaires a reculé de 24% sur un an à 7,0 milliards de dollars, également au-dessous des prévisions de Wall Street (7,7 milliards).

«Bien que les incertitudes économiques restent un frein (...), nos activités ont fait preuve de résilience dans des domaines clés ce trimestre», a commenté le PDG James Gorman, qui a toutefois qualifié les volumes d'activité de banque d'investissement d'«atones».

C'est dans ses investissements en propre que l'entreprise a enregistré la plus forte baisse de ses recettes, -84% à 63 millions de dollars. Mais c'est une chute de 37% (à 3,2 milliards de dollars) du chiffre d'affaires de sa plus grosse division, celle de courtage, qui a le plus pesé sur les résultats du groupe financier.

Les recettes de la division de gestion d'actifs ont reculé de 28% et celles de celle de gestion de fortune de 4%.

Le ratio de capitaux durs de la banque s'élevait à 13,5% à la fin du trimestre sous revue, selon les critères de Bâle 1.

Les rémunérations ont reculé de 21% à 3,6 milliards de dollars.

La banque précise qu'à la suite de l'abaissement de sa note de long terme par l'agence de notation Moody's en juin, elle a besoin de rassembler des fonds et produits collatéraux pour un montant total de quelque 6,3 milliards de dollars, «dont 2,9 milliards de dollars ont été inscrits au bilan au 30 juin».

Le 21 juin, Moody's avait abaissé les notes de 15 grandes banques occidentales, dont Morgan Stanley qui avait perdu deux crans. La banque d'affaires s'était trouvée reléguée, aux côtés de Citigroup et Bank of America ainsi que la britannique Royal Bank of Scotland (RBS), dans le groupe des banques les moins bien notées.

«On se rend compte que les banques ne peuvent absolument pas faire augmenter leurs revenus et dans le cas de Morgan Stanley ce n'est pas tant que les revenus baissent qui surprend, c'est l'ampleur de la baisse», commenté Gregori Volokhine, directeur de Meeschaert New York.

Il note que l'abaissement de notation de Moody's lui a coûté «très cher».

«Le secteur est frappé par une augmentation des frais dus aux réglementations durcies, par la disparition de beaucoup d'activités en raison d'un faible volume de marché et d'affaires, par le fait qu'elles diminuent leur exposition au risque et ont donc moins d'effet de levier. Tout ceci fait qu'elles sont de moins en moins rentables», a-t-il ajouté.

Mercredi, Bank of America avait annoncé être repassée dans le vert au deuxième trimestre alors qu'elle avait enregistré une lourde perte dans sa division de prêts immobiliers un an plus tôt mais elle a inquiété en révélant une accélération des demandes de rachat de produits financiers adossés à des prêts hypothécaires. Ces demandes totalisent 22,7 milliards de dollars.

Citigroup a vu de son côté son bénéfice et son chiffre d'affaires reculer, tout comme Goldman Sachs.

Les deux stars du secteur sont désormais Wells Fargo et JPMorgan Chase. Grâce à sa faible exposition aux marchés et malgré la morosité de l'économie, la première a dégagé un bénéfice en hausse de 18% et supérieur aux attentes.

Quant à JPMorgan Chase, malgré une perte de courtage très décriée de 4,4 milliards de dollars ce trimestre, elle est parvenue à afficher un bénéfice de 5 milliards de dollars, en baisse de 9% sur un an.