Attendue depuis quelques mois déjà, l'émission mammouth de 1,2 milliard de dollars lancée hier par la Fédération des caisses Desjardins permettra à l'institution financière de respecter avant l'heure les nouvelles règles internationales édictées après la crise financière de 2008.

Cette émission de parts permanentes est une première pour la Fédération des caisses, précise sa porte-parole, Nathalie Genest. Les besoins précédents en capital avaient été comblés jusqu'à maintenant par des émissions regroupées faites par les caisses. Quelque 2,1 milliards ont ainsi été récoltés dans une dizaine d'émissions depuis 1989.

Cette fois, c'est la Fédération des caisses qui fait appel aux membres pour solidifier la base financière de l'organisation. Les parts sont émises en tranches de 10$ et pour un montant minimal de 100$. Elles sont en vente dans les caisses.

Le taux d'intérêt n'est pas connu. Il sera déterminé annuellement à l'intérieur d'une fourchette comprise entre la moyenne des taux d'intérêt des obligations du gouvernement du Canada de cinq ans (actuellement d'un peu plus de 1%) et un maximum de 4,25%.

Étant donné la faiblesse actuelle des taux d'intérêt, il ne faut pas s'attendre à ce que cette nouvelle fournée de parts permanentes génère un rendement mirobolant. Desjardins estime tout de même qu'il s'agit «d'un placement à long terme avec un rendement pouvant s'avérer avantageux».

Desjardins espère vendre pour 1,2 milliard de ces parts permanentes, mais se réserve le droit d'en ajuster le montant selon la demande.

Comme c'est le cas avec les autres parts permanentes du mouvement coopératif, le capital investi n'est pas garanti autrement que par la solidité financière de Desjardins.

Desjardins affiche des profits de 1,5 milliard au terme de son exercice 2011, en hausse de 14%. Son taux de capitalisation est supérieur à celui des banques canadiennes, et conforme aux nouvelles exigences des normes internationales.

Connues sous le nom de Bâle III, ces nouvelles règles internationales ont été édictées en 2010 afin d'éviter une réédition de la crise financière de 2008.

Pour qui?

L'émission s'adresse aux membres des caisses. Selon le mouvement coopératif, les parts permanentes sont un placement qui peut servir à diversifier un portefeuille.

La diversification, c'est bien la principale qualité de ce type de placement, estime la planificatrice financière Lison Chèvrefils. Et peut-être bien la seule, à son avis. Il y a beaucoup d'autres produits plus flexibles au rendement comparable, estime-t-elle.

«Des produits financiers, il y en a de toutes sortes et je n'ai jamais recommandé celui-là à personne», a-t-elle expliqué hier lors d'un entretien avec La Presse Affaires.

Le problème des parts permanentes de Desjardins, c'est qu'elles ne peuvent pas être revendues aussi facilement que d'autres types de produits financiers, par exemple les certificats de placement garanti, dit Lison Chèvrefils.