Un économiste américain réputé a lancé jeudi une pétition pour réclamer que le PDG de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, cesse de siéger à l'une des instances de la banque centrale américaine (Fed).

«Jamie Dimon doit démissionner ou être écarté du conseil d'administration de la Réserve fédérale de New York», écrit Simon Johnson, ancien économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), dans ce texte mis en ligne sur le site d'hébergement de pétitions change.org.

Faisant référence à la perte de 2 milliards de dollars sur le marché des produits dérivés annoncée le 10 mai par JPMorgan, et dont le montant final pourrait être bien plus élevé, M. Johnson reproche à M. Dimon d'avoir «approuvé personnellement une stratégie de négociation très risquée», non seulement pour sa banque, «mais qui aurait pu également déstabiliser les marchés financiers mondiaux».

«Jamie Dimon a risqué l'argent des déposants et notre avenir à tous», et lui à la Fed, «c'est le renard qui garde le poulailler», accuse M. Johnson, aujourd'hui professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston et grand pourfendeur des dérives de la finance.

«Il est totalement inacceptable que M. Dimon soit impliqué dans la direction de la Fed de New York, institution qui supervise ses activités, ses décisions et ses pertes potentielles», ajoute la pétition, appelant le PDG de JPMorgan à abandonner «immédiatement» son mandat à la Fed, qui court jusqu'à la fin de l'année.

Dans le cas contraire, la Fed doit faire le «nécessaire» pour le révoquer, ajoute-t-il.

Interrogés par l'AFP sur le texte de M. Johnson, la Fed de New York et le directoire de la Fed à Washington n'ont fait aucun commentaire.

La Fed de New York est la plus importante des douze antennes régionales de la banque centrale constituant le Système de réserve fédéral.

Dans un communiqué publié jeudi, Esther George, présidente de la Fed de Kansas City rappelle que tous les conseils d'administration des Fed régionales comptent neuf membres: trois représentants des banques, et six représentants du public, étrangers au monde de la banque.

«Il faut que les banquiers soient présents» car «ils fournissent des renseignements précieux sur l'économie», écrit-elle, notant de façon sibylline que lorsqu' un administrateur «ne répond plus» aux «valeurs supérieures» requises par la Fed, il «démissionne volontairement».