Les analystes cherchent à évaluer jusqu'où pourraient monter les pertes de JPMorgan Chase (JPM) liées à sa stratégie calamiteuse de courtage et dans le même temps à évaluer le risque qui persiste dans le secteur bancaire américain quatre ans après la crise.

Le New York Times écrit jeudi que les pertes de courtage annoncées il y a une semaine par la première banque américaine en termes d'actifs se sont envolées ces quatre derniers jours d'au moins 1 milliard de dollars, en plus des 2 milliards initialement annoncés .

Selon le quotidien, qui cite des sources non identifiées, les pertes se sont aggravées alors que des fonds spéculatifs et autres investisseurs profitent des difficultés de la première banque américaine en termes d'actifs.

Une porte-parole de la banque s'est refusée à tout commentaire.

L'action de la première banque américaine en termes d'actifs reculait de 3% à 34,4$ jeudi à la mi-séance. Elle a perdu près de 15% de sa valeur depuis l'annonce jeudi d'une perte de 2 milliards de dollars à la suite de perte causée par des paris risqués sur les dérivés de crédit ayant mal tourné.

Le patron de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, avait averti en dévoilant la perte de courtage que le portefeuille d'actifs incriminé présentait encore «beaucoup de volatilité», et qu'elle pourrait s'avérer «bien pire», mais aussi qu'elle pourrait se réduire.

«Nous allons le gérer au maximum» mais «il pourrait nous coûter jusqu'à un milliard de dollars ou plus» et «le risque va perdurer pendant plusieurs trimestres», avait-il souligné.

Les analystes s'interrogent. «C'est difficile à dire, cela dépend de la qualité des obligations sur lesquelles étaient adossés les dérivés contre lesquels ils ont parié. Si ce sont des entreprises solides européennes, ils s'en sortiront mieux que s'il s'agit d'obligations d'entreprises grecques avec des notes de dette au rang d'investissement spéculatif», remarque Erik Oja, analyste de Standard and Poor's.

«Vu la taille de JPMorgan, je ne m'inquiète pas pour leurs ratios de capitaux ou leurs dividendes», ajoute-t-il toutefois.

M. Dimon avait fait remarquer en annonçant les pertes que malgré elles, les analystes tablent encore sur des bénéfices de quelque 4 milliards pour l'entreprise sur le trimestre en cours.

Deutsche Bank rappelle que les pertes maximales attendues pour l'instant se situent à 4 milliards de dollars, ce qui «selon la plupart des scénarios ne serait qu'une fraction du bénéfice net annuel attendu de 20 milliards de dollars environ».

Une note de la banque signale que ces estimations sont faites «à la valeur du marché» actuelle, et qu'elles pourraient donc se réduire si le contexte de marché s'améliore.

Les spéculations sur JPMorgan Chase ont relancé celles sur les autres grandes banques américaines.

«Ce qui s'est passé chez JPMorgan montre que si cela peut arriver chez la meilleure banque américaine, cela peut arriver chez celles qui sont moins solides comme Citigroup ou Bank of America», remarque Erik Oja.

«On ne connaît pas vraiment la qualité des actifs dans leur bilan, les prêts ou titres financiers», ajoute-t-il.

Beaucoup plus optimiste, Dick Bove, analyste chez Rochdale Securities, affirme que le secteur bancaire américain est «plus solide qu'il ne l'a été depuis 30 ans» et qu'«il faudrait bien plus qu'une perte de 2 milliards pour fragiliser JPMorgan».

Il remarque cependant qu'il n'y a «pas d'excuse pour le fait d'avoir accumulé trop d'un même type de titre financier», car la gestion du risque obéit au principe de bon sens selon lequel: «on ne met pas ses oeufs dans le même panier».

Mais il se montre fataliste: dans la finance, «on ne peut pas l'empêcher, il y aura toujours des pertes et des échecs, c'est un secteur cyclique».