La présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins a vu sa rémunération globale bondir de 68% depuis 2009, en raison principalement d'une bonification apportée à son régime de retraite. Monique Leroux a obtenu 3,1 millions de dollars en 2011, comparativement à 1,8 million à l'exercice 2009.

«En 2009, il y a eu une prise de conscience qu'il y avait un écart assez important entre la rémunération de la présidence et celle de ses pairs du milieu financier. Plutôt que de bonifier la prime aux rendements à court terme, ce qui n'était pas tout à fait en règle avec notre philosophie coopérative, on a décidé de verser la différence dans son régime de retraite», a expliqué André Chapleau, porte-parole de Desjardins.

Cette augmentation de 68% de la rémunération globale place Mme Leroux parmi les PDG d'entreprises québécoises ayant obtenu les meilleures bonifications depuis 2009. Dans l'univers des sociétés québécoises cotées en Bourse, seuls George Cope de BCE, Pierre Beaudoin de Bombardier et Ian Greenberg d'Astral ont obtenu une meilleure amélioration de leurs conditions depuis deux ans, d'après une compilation publiée par La Presse Affaires le 21 avril 2012.

Des critiques publiques

La semaine dernière, les membres de la caisse populaire de Trois-Rivières ont adopté, à 55% des voix exprimées, une résolution critiquant le niveau de la rémunération des dirigeants de Desjardins. Le salaire de base de Mme Leroux, à près de 1 million, équivaut à 14 fois le salaire moyen d'un employé du Mouvement. Sa rémunération globale, à 3,1 millions, représente 36 fois la rémunération totale moyenne d'un employé de Desjardins. Certaines organisations faisant la promotion de la bonne gouvernance établissent un ratio d'équité interne à 30 fois.

La rémunération de Mme Leroux a aussi été dénoncée publiquement par les employés en grève de la caisse populaire de Sept-Îles au début du mois d'avril.

De passage à Trois-Rivières, ce week-end, l'ex-président du Mouvement Desjardins Claude Béland a dit au Nouvelliste que la rémunération annuelle du titulaire de la présidence devrait faire l'objet de débats de la part des membres. «Les membres doivent décider ce qu'ils trouvent raisonnable comme rémunération. En ce moment, il me semble que ce sont des petits groupes qui le font parce que les membres ne s'en préoccupent pas», a-t-il dit au quotidien de Trois-Rivières.

Chez Desjardins, on considère que la rémunération de Mme Leroux est tout à fait acceptable. Desjardins poursuit l'objectif de verser une rémunération globale à Mme Leroux qui équivaut à 75% de la médiane du marché financier canadien. Elle est actuellement à 63% du secteur financier, à 33% du secteur bancaire et à parité avec les coopératives financières étrangères d'une envergure comparable à celle de Desjardins.

Dans un blogue diffusé sur lesaffaires.com, le président de l'Institut sur la gouvernance des organisations publiques et privées, Yvan Allaire, abonde dans le même sens. Il écrit que la rémunération des dirigeants de Desjardins se situe sous les salaires, bonis et régimes de retraite payés aux dirigeants d'institutions financières, comme cela doit être le cas en raison de la nature coopérative du Mouvement.

Il existe par ailleurs une grande différence entre la rémunération de Mme Leroux et celle de ses confrères banquiers, souligne M. Allaire. Les banques versent à leurs dirigeants des options et des actions à exercice restreint à hauteur de 6 millions par année (valeur médiane de 2010), ce que ne fait pas la coopérative Desjardins.

M. Allaire invite d'ailleurs les banques et assurances à éliminer graduellement les options sur titres qu'elle verse à leurs dirigeants.

- Avec la collaboration de Martin Vallières