«On n'est pas jeunes. On est malades. Au moins (avec le jugement), on se disait que ça allait enfin finir. Ça fait tellement longtemps qu'on entend parler de cette affaire-là.»

Huguette Patenaude-Dépatie est la soeur de feu Jean-Guy Patenaude, ancien locataire d'une résidence pour personnes âgées qui a été victime de retraits frauduleux par une caissière externe de Desjardins. La dame de 78 ans trouve effarant que l'institution en appelle du jugement. Sept ans après les méfaits, elle considère que le temps est venu pour la caisse de reconnaître ses torts et de payer.

La succession de Jean-Guy Patenaude a obtenu le 14 novembre dernier un jugement obligeant la caisse à lui payer plus de 171 000$. Près de 100 000$ servent à rembourser les frais d'avocat et d'un témoin expert.

Jeudi, le directeur général de la caisse Desjardins de Ville-Émard, Yves Gibeau, a indiqué que la caisse interjetait appel de certains éléments du jugement. «Il n'y a pas d'acharnement de notre part, s'est-il défendu. On comprend la réaction de la famille.» Les chèques couvrant notamment les sommes dérobées ont été émis, précise-t-il. La caisse se dit dans son droit de contester le punitif de 50 000$ et le remboursement des frais d'avocat de plus de 88 000$.

En 2004 et 2005, la caissière externe Martine Cyr, qui comptait plus de 20 ans de service, a retiré frauduleusement 21 150$ du compte de Jean-Guy Patenaude, une personne en perte d'autonomie qui vivait à la Résidence du Mont-Carmel. La caisse populaire y offrait des services bancaires, ce qu'elle a cessé de faire depuis. Jean-Guy Patenaude est mort en mai 2005, à 74 ans. C'est son frère Gilles Patenaude, agissant comme liquidateur testamentaire, qui s'est rendu compte de la fraude et qui a porté plainte auprès de l'ombudsman du Mouvement Desjardins. Celui-ci a mandaté Réjean Bourassa, de la Fédération des caisses Desjardins, pour faire enquête. Au terme de celle-ci, trois ans plus tard, la caisse a refusé de donner suite à la plainte, d'où le procès.

Dans son jugement très critique à l'égard de la caisse, le juge Robert Castiglio qualifie de bâclée l'enquête de M. Bourassa. Le magistrat soutient en outre que la responsable des caissières, Micheline Girard, a fait des affirmations mensongères dans le cadre de l'enquête. Mme Girard et M. Bourassa ont depuis pris leur retraite.

Dans notre texte d'hier, nous avons confondu les noms de Jean-Guy, la victime de la fraude, et de son frère Gilles Patenaude, responsable du règlement de la succession, mort le 17 novembre dernier à 76 ans.

«Mon oncle Gilles est un homme fier, explique son neveu Raymond Jodoin, 57 ans. Il disait qu'il y a deux personnes qui pouvaient avoir détourné les fonds: lui-même [parce qu'il visitait Jean-Guy régulièrement] ou la caissière. Il m'a toujours dit qu'il irait jusqu'au bout pour sauver son honneur.»