L'ex-patron historique d'AIG, Hank Greenberg, a porté plainte lundi contre le gouvernement américain auquel il réclame 25 milliards de dollars, l'accusant de l'avoir spolié ainsi que sa société Starr International en venant à la rescousse de l'assureur pendant la crise.

Starr International poursuit à la fois le gouvernement américain et AIG, selon le texte de la plainte.

Dans les jours ayant suivi la faillite de Lehman Brothers et alors qu'AIG était à son tour menacé, le gouvernement américain a «fourni des garanties de prêts et l'accès à des fonds fédéraux» à de nombreuses institutions, et «AIG était un candidat particulièrement bon pour de telles aides à la liquidité, car ses actifs dépassaient de façon importante ses dettes», affirme la plainte.

«Son problème n'était pas une question de solvabilité mais un problème temporaire de liquidité», ajoute-t-il.

«Plutôt que de fournir à AIG les aides à la liquidité qu'il a fournies à d'autres entreprises comparables», y compris «Citigroup», «le gouvernement a initié une série de mesures en septembre 2008 qui ont abouti à une prise de contrôle de l'entreprise et de 80% des actions d'AIG, sans dédomagement équitable» pour ses actionnaires, accuse la plainte.

Pour ce qu'il qualifie de «discrimination», Starr International demande des dommages et intérêts d'«au moins 25 milliards de dollars», soit la valeur des actions issues de la conversion d'actions préférentielles que le gouvernement a reçues le 14 janvier dernier, au prix de clôture de 45,24 $.

Lorsque le gouvernement est intervenu pour empêcher AIG de faire faillite le 16 septembre 2008, au lendemain de la faillite de Lehman Brothers, l'action d'AIG était tombée jusqu'à 1,25 $.

«Il est important de se souvenir que le gouvernement a fourni des aides à AIG et l'a empêché de (faire faillite) afin d'empêcher un effondrement de l'ensemble du système financier», a commenté Tim Massad, l'un des responsables du Trésor américain en charge de la stabilité financière.

«Nos actions étaient nécessaires, légales et constitutionnelles. Nous passons en revue la plainte et prévoyons de défendre vigoureusement nos actions», a-t-il ajouté.

Un porte-parole d'AIG joint par l'AFP s'est refusé à tout commentaire.

Hank Greenberg a dirigé AIG pendant près de 40 ans et en a fait le numéro un mondial de l'assurance avant d'être poussé à la démission dans la foulée d'une enquête liée à une fraude comptable.

Porté au bord du précipice par une politique très risquée de son département de produits financiers qui en a fait un symboles des excès de la finance, l'assureur a été sauvé d'une faillite quasi certaine en septembre 2008 grâce à un prêt de la banque centrale (Fed), qui avait dû être complété par d'autres interventions des pouvoirs publics dans les mois suivants.

La stabilisation du groupe a mobilisé au total plus de 180 milliards de dollars de fonds publics.

Aujourd'hui nationalisé, AIG a fortement réduit son périmètre à coup de cessions d'actifs depuis la crise de 2008, et perd encore de l'argent: il a publié une perte de 4,1 milliards de dollars au troisième trimestre, plombé par le déclin des marchés et une charge liée à sa filiale de location d'avions.