Les 7524 membres de la caisse Desjardins de Chibougamau sont privés de ristourne cette année à la suite de la négligence de plus de 200 automobilistes qui omettent de rembourser leur prêt auto. Tous ces prêts ont été cautionnés par le même vendeur de voitures qui a depuis cessé ses activités.

Avec un actif de 160 millions de dollars et des revenus annuels de 8 millions, la Caisse pop a déclaré une perte sur prêts de 11 millions l'an dernier. Ce montant représente 7,5% du portefeuille de prêts. Un employé a été congédié, le directeur général, André Pearson, est en congé de maladie et les ristournes sont suspendues.

En décembre 2008, Jack Diamond, de Waskaganish, s'est procuré un Chevrolet Uplander, pour lequel il a obtenu un financement de 27 321,33$ de la caisse. Le vendeur Perron&frères, situé au 175, 3e Rue à Chibougamau, a cautionné l'acheteur. Deux ans et demi plus tard, M. Diamond ne fait plus ses paiements et celui qui s'est porté garant ne répond plus.

L'histoire de Jack Diamond s'est répétée 235 fois avec, par exemple, des David Thuskey, de Lac-Rapide, des Jos Thomas Chachai, de Mashteuiatsh, des Gabriel Lapointe et Catherine Tremblay Gaudreault, des Simon Monger et Shannon Scipio et des Donna Cheezo.

«Un garage vendait des camions. Il faisait affaire avec la caisse. Tout le monde avait des financements au 2e et à la 3e chance. Les gens se passaient le mot. Ça venait de l'extérieur (pour acheter des camions)», nous a expliqué un homme d'affaires de Chibougamau, sous le couvert de l'anonymat.

Aujourd'hui, Perron&frères est fermé. À la même adresse, ses propriétaires, Carol Lapointe et Martin Blaquière, exploitent le Complexe universel, lequel vend des voitures et des véhicules récréatifs.

«Le financement est plus difficile, reconnaît Sébastien Vandal, son directeur exploitation que nous avons rencontré sur place le 23 août. On dirait que les banques ont des critères de crédit plus restrictifs cette année.»

Jusqu'à 235 prêts sont en défaut de paiement. «Vous êtes pas mal dedans pour ce qui est du nombre des dossiers de départ, dit Nathalie Genest, porte-parole du Mouvement Desjardins. Jusqu'à maintenant, nous avons récupéré et vendu à l'encan entre 80 et 100 voitures pour récupérer l'argent.» Elle n'a pas dit quelle somme avait été récupérée.

Comment la caisse a-t-elle pu autoriser plus de 200 prêts dont Perron&frères se portait toujours garant? «Il faut se mettre en contexte, répond Mme Genest. On est en région éloignée. Des entreprises dans ce coin-là, il n'y en a pas une tonne non plus. À Montréal, vous en avez plusieurs vendeurs. Là, vous en avez un qui est concentré dans une caisse, dans une région précise.»

«Je peux vous assurer que des leçons ont été tirées et que ça ne pourra se reproduire ailleurs. Il n'y a plus de financements qui ne se font de cette façon dans aucune caisse», indique Mme Genest.