Bank of America, actuellement confrontée à une crise de confiance à Wall Street, a reçu jeudi le soutien du milliardaire américain et icône des marchés boursiers Warren Buffett, qui va investir cinq milliards de dollars dans l'établissement.

«Bank of America est une entreprise solide, bien gérée», a justifié l'homme d'affaires.

Selon les termes de l'accord, sa holding Bershire Hathaway va acquérir 50 000 actions préférentielles émises pour l'occasion, à 100 000$ chacune, portant un intérêt annuel de 6%.

M. Buffett va aussi recevoir des bons de souscription qui lui permettront à tout moment, dans les dix prochaines années, de souscrire pour 700 millions d'actions au prix de 7,142857$ chacune.

Cette annonce a fait bondir le titre, qui s'est envolé de plus de 20% jeudi à l'ouverture de la Bourse de New York, après avoir perdu en début de semaine jusqu'à plus de la moitié de sa valeur par rapport au début d'année.

Il a finalement gagné 9,44% à 7,65$.

Le nouvel investissement devrait «ralentir l'extrême volatilité» du titre, estiment les analystes de Nomura. Il représente «clairement une bonne nouvelle», l'apport de Warren Buffett «injectant de la confiance dans le système».

«Je reste confiant dans le fait que nous ayons le capital et les liquidités nécessaires pour nos activités. Mais je reconnais en même temps qu'un large investissement de Warren Buffett représente un soutien solide à notre vision et notre stratégie», a commenté le PDG de Bank of America Brian Moynihan.

Cette annonce «aide Bank of America à traverser un moment difficile», a renchéri auprès de l'AFP l'analyste Erik Oja, de Standard and Poor's.

La première banque américaine en termes d'actifs a été plombée cette année par les problèmes liés aux prêts hypothécaires hérités de sa filiale Countrywide Financial. Et les investisseurs se sont inquiétés récemment de la solidité de son capital.

L'établissement est encore «loin» de répondre aux exigences de niveau de capital imposées par les futures règles dites de «Bâle III» au secteur bancaire, a souligné Erik Oja. Mais «l'injection de cinq milliards de dollars dans le capital ôte beaucoup des incertitudes».

Cette annonce sonne aussi comme une validation de la stratégie de la direction, arrivée aux commandes en janvier 2010.

«Une nouvelle équipe a parfois seulement deux ans pour montrer qu'elle a bien les choses en main», a souligné Erik Oja. L'investissement de Warren Buffett «représente un important vote de confiance» envers la direction «qui fait de son mieux pour gérer les problèmes hérités de sa filiale Countrywide et qui réussit plutôt bien à gérer les activités essentielles» de la banque.

Warren Buffett s'est d'ailleurs dit «impressionné» par les capacités de la banque «à générer des profits» et par «la façon dont ils agissent agressivement pour dépasser leurs problèmes».

Au plus fort de la crise en septembre 2008, Warren Buffett avait investi cinq milliards de dollars dans la banque d'affaires Goldman Sachs, ce qui l'avait aidé à surmonter une passe difficile. La banque lui avait alors consenti des conditions extrêmement favorables pour pouvoir se targuer du soutien du «sage d'Omaha» dans cette période de bouleversements.

L'homme est réputé pour ses coups boursiers, qui lui ont permis d'être aujourd'hui le troisième homme le plus riche au monde selon le magazine Forbes, fidèle à son principe selon lequel les temps difficiles représentent une opportunité pour les investisseurs.