Une banque libanaise ayant un bureau de représentation à la Place Ville-Marie, à Montréal, est accusée par le gouvernement américain de blanchir l'argent en provenance d'un réseau de narcotrafiquants. Le Trésor accuse également l'institution d'entretenir des liens avec le Hezbollah, que les Américains considèrent comme une organisation terroriste.

Qu'est-ce que la Lebanese Canadian Bank?

En vertu de dispositions du Patriot Act, le gouvernement américain vient de déclarer la Libanese Canadian Bank (LCB) un acteur majeur dans le blanchiment d'argent. À ce titre, le Trésor a le pouvoir d'imposer diverses sanctions dont celle d'interdire aux institutions financières américaines d'ouvrir et de maintenir des comptes bancaires recevant des dépôts ou faisant l'objet de paiements ou autres débours au nom de la Libanese Canadian Bank.

La présence montréalaise de la LCB consiste en un bureau de représentation seulement. Aucune activité financière n'a lieu, assure au téléphone son représentant principal Bechara Moussa.

M. Moussa a transmis les questions des journalistes au siège social de Beyrouth. Dans un communiqué qui nous est parvenu en fin de journée, la LCB se dit déçue de faire l'objet de pareilles allégations et promet de collaborer avec les autorités concernées afin de démontrer l'intégrité et la transparence de ses activités.

Cocaïne, comptoirs de change et automobiles

Plus précisément, le gouvernement américain soutient que le narcotrafiquant Ayman Joumma a blanchi les fruits de la vente d'un chargement de plusieurs tonnes de cocaïne par l'entremise de LCB. Les actifs de M. Joumma aux États-Unis sont gelés et aucun Américain ne peut plus entretenir des relations commerciales et financières avec lui.

D'après le gouvernement américain, M. Joumma faisait de la contrebande d'argent liquide et déposait de vastes sommes en espèces dans des comptoirs de change du Liban qui détenaient des comptes à la LCB. Ces sommes étaient ensuite transférées à des vendeurs de voitures d'occasion situés sur le territoire américain. Ceux-ci achetaient des véhicules pour les expédier outre-mer, notamment en Afrique de l'Ouest.

D'autres fois, l'argent était transféré aux États-Unis pour payer des importateurs de produits de consommation en provenance d'Asie. Ceux-ci expédiaient ensuite les biens en Amérique du Sud pour qu'ils y soient vendus. L'argent sale se trouvait à circuler ainsi dans ce que le Trésor surnomme le marché noir du peso. Le réseau de Joumma blanchissait jusqu'à 200 millions US par mois, est-il allégué dans des documents se trouvant sur le site internet du Trésor.

Liens avec le Hezbollah

Dans ces mêmes documents, le gouvernement allègue que le Hezbollah a obtenu du financement provenant des activités criminelles du réseau de Joumma. De plus, des dirigeants de LCB ont entretenu des relations avec des représentants du Hezbollah hors du Liban, en Iran et en Gambie.

LCB compte 35 succursales au Liban et a son siège social à Beyrouth. Son seul bureau de représentation à l'étranger est situé à Montréal. Ancienne filiale de la Banque Royale du Canada jusqu'en 1988, elle est devenue autonome depuis ce temps. Elle compte 600 employés et a des actifs de plus de 5 milliards US.