La présidente du Mouvement Desjardins, Monique Leroux, se sent interpellée par le taux élevé d'endettement des Canadiens.

«C'est un souci important que j'ai comme présidente et c'est un souci qui est partagé par notre conseil d'administration», a déclaré Mme Leroux lors d'une entrevue accordée à La Presse Canadienne dans le cadre du sommet économique de Davos, en Suisse, le mois dernier.

«On veut donc trouver une manière de parler davantage de comment on peut avoir un crédit responsable et une épargne dynamique, a-t-elle ajouté. (...) On veut vraiment revenir à la base. Les caisses Desjardins, ce sont des caisses d'épargne et ensuite de crédit. Il faut d'abord faire de l'épargne avant de distribuer le crédit.»

Desjardins entend d'abord viser les jeunes, qui souffrent souvent du «syndrome de la carte», et les aînés, a indiqué la dirigeante.

«On voit de plus en plus des gens âgés qui sont démunis quant à la gestion de leurs finances, a-t-elle expliqué. Ils manquent éminemment d'assurance par rapport à ça. (...) Je trouve que comme société, il faut vraiment faire en sorte que nos aînés soient bien appuyés à cet égard.»

Monique Leroux reconnaît que les gestionnaires et les employés des institutions financières ont tendance à «se valoriser» davantage par les prêts que par l'épargne.

«Notre travail, c'est de faire du crédit responsable, a-t-elle affirmé. Ce n'est pas simple. (...) Mais comment peut-on faire en sorte que pour nos gestionnaires et nos employés, ce soit aussi important et valorisant de bâtir l'épargne que d'émettre une carte de crédit ou de faire un prêt?»

Aux yeux de Mme Leroux, Desjardins agit déjà de manière responsable en matière de crédit à la consommation. Il n'y a donc pas lieu de modifier en profondeur les façons de faire de la coopérative.

«Il y a toujours des exceptions, mais je crois que de façon générale, nos pratiques sont correctes et même assez prudentes si on les compare à celles d'autres prêteurs en Amérique du Nord, a-t-elle estimé. Ceci dit, il y a toujours place à l'amélioration.»

La présidente assure qu'il n'y a pas de contradiction entre la volonté de Desjardins d'enregistrer les meilleurs résultats financiers possibles et la pratique du crédit responsable. Elle rappelle que comme coopérative, Desjardins n'a pas à rendre de comptes à des actionnaires à chaque trimestre.

Résultats

Cela n'a pas empêché Desjardins de connaître une excellente année en 2010. Mme Leroux soutient que les résultats annuels de l'institution, qui seront publiés d'ici la fin du mois, seront les «meilleurs de (son) histoire».

En 2009, Desjardins avait dégagé des excédents de 1,08 milliard $.

En 2011, Monique Leroux et son équipe s'activeront à organiser le Sommet international des coopératives, qui aura lieu du 8 au 11 octobre 2012 à Québec. L'événement soulignera l'année internationale des coopératives et réunira environ 750 délégués qui discuteront des façons d'assurer la «prospérité à long terme» de ces formes d'entreprises.

On y présentera notamment les résultats d'une vaste étude mondiale et multisectorielle sur l'avenir des coopératives.

Desjardins prévoit par ailleurs lancer sous peu une émission de parts permanentes d'une valeur de 600 à 800 millions $, mais qui pourrait dépasser le milliard $ si la demande le justifiait.