Les cartes de crédit prépayées peuvent s'avérer un moyen efficace d'inculquer une indépendance financière à de jeunes adultes, mais les utilisateurs et leurs parents doivent être conscients des limites et des coûts reliés à cet outil financier, disent les experts.
Plusieurs banques connues offrent des cartes dont la marge de crédit peut être payée en avance et le montant fixé par le parent qui achète le produit. La plupart des achats peuvent être effectués de la même façon qu'avec la carte de crédit classique, mais le détenteur peut aussi retirer du comptant à partir d'un guichet automatique.
La différence par rapport à la carte de crédit régulière, c'est qu'une fois la limite prépayée atteinte, il ne reste plus d'argent dans le compte. Il faut attendre alors le bon vouloir du pourvoyeur pour voir sa carte de nouveau garnie.
Plusieurs cartes prépayées ciblent les goûts d'une jeune clientèle. MuchMusic offre la carte prépayée Mastercard et présente sur son site Web une longue liste de questions-réponses à l'usage des parents.
La directrice générale de Crédit Canada, une organisation à but non-lucratif qui diffuse des conseils en matière de finances, souligne que plusieurs jeunes adultes sont ensevelis non seulement sous leurs dettes de prêts étudiants, mais sous des milliers de dollars engrangés sur des cartes de crédit.
«Je suis très préoccupée par ces enfants toujours aux études et qui portent déjà sur leurs épaules l'insécurité d'une dette immense, soutient Laurie Campbell. Il s'agit d'une solution qui peut limiter les problèmes: ils ne peuvent qu'utiliser l'argent qu'ils ont déjà. Cela peut les initier au système du crédit.»
Scott Hannah est président et chef de la direction de la Credit Counselling Society, un organisme à but non lucratif faisant la promotion de la littéracie financière.
Selon lui, les cartes de crédit prépayées peuvent se révéler pratiques et sûres, mais ne sont pas une panacée pour tous les problèmes d'éducation économique des jeunes.
«Dans plusieurs cas, ces cartes ne font pas la promotion des bonnes dépenses. Les parents remplissent ces comptes pour leurs enfants, qui continuent à les vider», a-t-il critiqué.
M. Hannah se souvient notamment d'une rencontre avec un banquier, l'an dernier, qui lui avait affirmé avoir reçu un appel agressif d'un étudiant mécontent de voir sa carte prépayée ne pas fonctionner.
«Il ne restait plus d'argent dessus», relate-t-il.
Il a ajouté que certains coûts étaient associés aux cartes prépayées. Par exemple, certaines entreprises imposent des frais de quelques dollars à chaque fois que de l'argent y est déposé.
«Dépendamment de la fréquence de ces recharges, les frais s'accumulent. Ce n'est pas insurmontable, mais ces coût peuvent s'élever», avertit-elle.
Les utilisateurs devraient aussi savoir que ces cartes ont parfois des limites et ne peuvent pas toujours être utilisées pour la location d'une automobile, pour la réservation d'une chambre d'hôtel ou pour les achats en ligne. De plus, ces comptes ne peuvent pas être utilisés pour se bâtir un bon dossier de crédit.
Dans certains cas, une carte avec garantie pourrait se révéler être un meilleur choix. Ce système oblige aussi l'utilisateur à mettre de côté une somme déterminée, mais celle-ci est utilisée comme garantie.
La marge de crédit se libère à mesure que le montant utilisé est remboursé, comme pour une vraie carte de crédit.
«Cette solution pourrait convenir aux gens qui ont eu de la difficulté à obtenir du crédit par le passé et pour lesquels la seule solution pour redresser leur dossier est de s'armer d'une carte avec garantie, soutient Patricia Lovett-Reid, vice-présidente chez TD Waterhouse. Il peut s'agit du seul véhicule pour effectuer certains paiements.»
Mme Lovett-Reid, mère de quatre enfants dans la vingtaine, affirme qu'elle recommande «avec une certaine hésitation» aux jeunes d'avoir leur propre carte de crédit, du moins s'ils comprennent comme l'utiliser intelligemment.
«L'utilisation de cartes de crédit fait partie de l'apprentissage de la littéracie financière», conclut-elle.