L'agence de notation Moody's maintient une perspective négative sur les banques espagnoles, s'inquiétant de leurs capacités à se financer et de leurs pertes, ce qui a poussé à nouveau le gouvernement et la Banque d'Espagne à monter au créneau.

L'annonce a fait réagir la ministre de l'Economie Elena Salgado, qui a déclaré: «moi j'ai confiance et je suis absolument sûre de la solidité du système financier espagnol». Les tests de résistance réalisés cet été pour prouver la solvabilité des banques ont été «très rigoureux», a-t-elle insisté.

«Il est nécessaire de donner au marché autant de transparence que possible», a toutefois admis le gouverneur de la Banque d'Espagne, Miguel Angel Fernandez Ordonez, annonçant qu'il demanderait désormais aux banques de faire connaître chaque trimestre leurs besoins de financement, en plus de leur exposition au secteur immobilier.

Ce pessimisme de Moody's se manifeste alors que l'Espagne a été pressée d'accélérer ses réformes, après plusieurs semaines de turbulences sur des marchés, inquiets de la solidité financière du pays après le plan de sauvetage irlandais.

Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a appelé, vendredi à Madrid, le pays à «approfondir sa réforme du marché du travail» et mener celle des retraites, deux éléments «essentiels pour la prospérité de l'économie».

L'institut BBVA Research a lui estimé vendredi que l'Espagne devait présenter «un calendrier concret et strict» de ses réformes, souhaitant «une adoption rapide et ambitieuse des mesures annoncées pour le marché du travail, le système de retraites et la restructuration bancaire».

Concernant les banques, Moody's pense que «leur capitalisation, leur profitabilité et leur accès au financement du marché resteront faibles», «au cours des 12 à 18 mois» à venir.

«Les facteurs conduisant à cette tendance négative continue sont les conditions économiques difficiles du pays, la détérioration persistante de la qualité des actifs et les plans d'austérité fiscale du gouvernement», a-t-elle expliqué.

L'agence indique que, dans son «scénario de base actuel», les pertes des banques pour dépréciations d'actifs et provisions pourraient atteindre à terme 235 milliards de dollars, somme dont les banques n'ont jusqu'à présent reconnu que la moitié (117 milliards).

Vendredi, la banque suisse UBS avait elle aussi montré ses doutes face à la solidité des banques espagnoles, calculant leurs besoins de recapitalisation entre 93 et 160 milliards.

La Banque d'Espagne estimait récemment qu'elles détenaient pour 240 milliards de crédits immobiliers susceptibles de ne pas être remboursés.

L'Espagne est sortie en début d'année de plus de douze mois de récession, affaiblie par la crise financière et l'éclatement de sa bulle immobilière, à laquelle ses banques étaient particulièrement exposées.

Mais sa faible croissance (qui a même été nulle au 3e trimestre) et sa solidité financière inquiètent les marchés, qui ne semblent pas avoir été rassurés par la réforme des caisses d'épargne régionales, talon d'Achille du système bancaire espagnol.

«Les capacités de génération de revenus des banques ne vont probablement pas suffire pour ce besoin de capital, ce qui forcera certaines banques à chercher du capital additionnel en externe, peut-être par des injections supplémentaires de la part du programme gouvernemental Frob», créé pour soutenir les banques espagnoles pendant la crise, selon Moody's.

Globalement, «les bilans (des banques) doivent être nettoyés des actifs problématiques» tandis que «les banques ont besoin de ratios de capital plus élevés pour retrouver la confiance des marchés», selon l'agence.