Alors que de bons résultats et le dividende accru poussaient les actions de la Banque Nationale (T.NA) à un prix record, ses dirigeants ont dû réaffirmer leur ambition de croissance au Canada anglais malgré les coupes dans la filiale boursière, qui ont lieu surtout à Toronto.

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«La restructuration annoncée à la Financière Banque Nationale (FBN) ne signifie pas une réduction de nos projets d'expansion en Ontario, dans l'ouest du Canada et au Nouveau-Brunswick», a insisté le président et chef de la direction, Louis Vachon, au cours de la téléconférence d'analystes à propos des résultats trimestriels.

«Notre filiale des marchés financiers continue de bénéficier d'un excellent élan dans ses activités de banque d'investissement, de produits dérivés et de titres à revenus fixes, particulièrement hors du Québec», selon M. Vachon.

Meilleurs que prévu, les résultats de quatrième trimestre de 2010 divulgués en fin de journée lundi contenaient à peine quelques mots sur la restructuration à la FBN.

En fait, elle retranche au moins 35 postes d'analystes et de banquiers d'affaires à ses bureaux de Toronto surtout, ainsi qu'à Montréal et à Calgary. La Nationale a d'ailleurs inscrit 15 millions de dollars en frais spéciaux de restructuration (après impôts) à ses résultats trimestriels.

Lundi, des rumeurs à ce sujet avaient bousculé les actions de la Nationale en Bourse. Hier, le cochef de la direction de la FBN, Ricardo Pascoe, a tenu à «clarifier quelques éléments» au cours de sa discussion avec les analystes.

«Nous ne pouvons tenter de tout faire. Même que notre capacité à nous concentrer sur certaines activités est l'une de nos forces à la Nationale», a-t-il indiqué.

Ainsi, les activités délaissées concernent surtout l'émission de titres par les grandes entreprises, où la concurrence est féroce parmi les grosses banques dirigées de Toronto.

En contrepartie, la FBN se concentre désormais sur les émissions de titres par les entreprises de taille intermédiaire, particulièrement dans les mines et l'énergie.

Et, contrairement à certains rapports de presse, la FBN ne délaisse pas toutes les activités liées aux entreprises à plus grande capitalisation boursière.

«Nous continuerons nos activités de recherche et de courtage sur les titres des grandes et des petites capitalisations, dans la plupart des secteurs», a souligné M. Pascoe.

N'empêche, cette restructuration à la FBN survient alors que ses résultats rechutent, après quelques trimestres favorables.

Le bénéfice d'exploitation de la FBN a reculé de 19% au quatrième trimestre, alors qu'il a fortement progressé chez les grandes divisions de la Nationale.

Ce recul de quatrième trimestre à la FBN a suffi à recaler tout son bénéfice annuel, en baisse de 5% malgré un début d'exercice fort.

En contrepoids, les dirigeants de la Nationale ont tenu à souligner l'apport de leur plan pluriannuel pour l'amélioration des services aux clients.

Lancé il y a deux ans, le projet nommé «Un client, une banque» a déjà produit des «résultats forts intéressants» pour la croissance des activités de financement et de gestion d'avoirs parmi les particuliers et les PME, a expliqué Patricia Curadeau-Grou, chef des finances et vice-présidente à la direction, en entretien avec La Presse Affaires.

Le succès initial de cette vaste «rénovation» interne motive même la deuxième phase. Elle impliquera la remise à niveau d'au moins 70 succursales d'ici trois ans.

En 2011 seulement, la Nationale prévoit ouvrir une dizaine de nouvelles succursales au Québec et en Ontario. Elle mettra aussi la dernière touche aux plans de modernisation de son infrastructure informatique de services aux clients.

Dans l'immédiat, en Bourse, les investisseurs ont manifesté hier leur appréciation des bons résultats de la Nationale. Et, surtout, de sa première hausse de dividende en trois ans et de la continuité de son rachat d'actions.

La valeur boursière de la Nationale s'est élevée de 3,5% jusqu'au prix record de 70,09$ l'action en mi-journée.

Elle a clôturé en hausse moins prononcée de 1,98$, ou 2,9%, à 69,82$, ce qui est aussi un prix de fermeture record.