Le Mouvement Desjardins a amélioré sa rentabilité de 50% depuis le début de son exercice, mais il a réduit en même temps de 11% les perspectives de ristournes qui seront versées à ses membres à la fin de l'année.

C'est le ralentissement de l'économie et la nécessité d'augmenter son capital qui obligent Desjardins à faire preuve de prudence, a expliqué hier son porte-parole, André Chapleau.

La somme des ristournes qui seront versées aux membres de la coopérative financière sera fixée à la fin de l'exercice, le 31 décembre. Mais, après les neuf premiers mois de l'exercice, la somme prévue à cette fin est en baisse de 11%, à 213 millions de dollars, alors que les excédents sont en hausse de 50,4%.

Desjardins affiche des «profits» de 1,25 milliard, depuis le début de l'année, soit 50,4% depuis qu'à l'exercice précédent. Au troisième trimestre, les excédents ont été de 464 millions, en hausse de 23%.

Desjardins a profité à plein de l'appétit de ses membres pour le crédit pas cher. Ainsi, même si le marché de l'habitation a ralenti, les consommateurs continuent de frapper à la porte de Desjardins pour obtenir une hypothèque.

Après les neuf premiers mois de son exercice, Desjardins a consenti pour 4,2 milliards de prêts hypothécaires de plus que l'an dernier, soit une hausse de 6,3%.

Les hypothèques comptent maintenant pour 61,7% de tous les prêts consentis par l'institution financière.

Les prêts à la consommation ont crû de 2,4%, ou de 403 millions, depuis le début de l'année, et ils comptent pour 14,9% du total des prêts.

Malgré ces augmentations, le pourcentage de prêts douteux, à 0,45% du total des prêts, reste un des meilleurs de l'industrie.

La bonne santé financière de ses membres se reflète donc dans le bilan de Desjardins, qui affiche un rendement de 14,5%, un sommet en deux ans, et une bonne capitalisation.

Mais l'essoufflement de la reprise économique aux États-Unis et au Canada incite Desjardins à la prudence.

De même, le passage aux nouvelles normes comptables internationales (IFRS), le 1er janvier 2011, et des règles internationales de capitalisation (Bâle 3) pourraient l'obliger à renforcer sa base financière. «On est en train d'évaluer l'impact de ces changements», a expliqué André Chapleau.

Le versement d'une partie des excédents en réserves plutôt qu'en ristournes est la façon la moins coûteuse pour Desjardins d'augmenter sa capitalisation. Normalement, la coopérative verse le tiers de ses «profits» en redevances, le tiers va au développement et le dernier tiers sert à augmenter la capitalisation, a précisé le porte-parole.

Les «nouveaux» PCAA

Par ailleurs, Desjardins rapporte une légère embellie de son portefeuille de BTAA, les billets à terme issus de la restructuration des PCAA. La coopérative a augmenté de 68 millions la juste valeur des BTAA qu'elle détient, à la suite d'une évaluation plus positive de la firme DBRS.

La coopérative détenait pour plus de 2 milliards de PCAA quand le marché s'est effondré à l'été 2007. Leur valeur a ensuite été amputée de moitié dans le bilan de Desjardins et s'élève aujourd'hui à 1,27 milliard. Même augmentée de 68 millions, la valeur actuelle de ces investissements reste encore loin du compte.

Au 30 septembre, l'actif de Desjardins était en hausse de 12%, à 175 milliards.