Lorsque la direction de BNP Paribas a nommé Anne Marie Verstraeten à la tête de sa filiale canadienne, les journaux belges n'ont pu s'empêcher de rêver à la nomination d'un de leurs compatriotes à la tête de la plus grande entreprise française et de la septième banque du monde.

Sans spéculer davantage, Mme Verstraeten assure que l'intégration de la banque belge Fortis, acquise par BNP Paribas en 2009 au milieu de la tourmente financière, a été menée d'une façon impressionnante. «BNP a pris le temps de bien comprendre la banque Fortis pour identifier les talents», dit-elle.

Elle-même issue de Fortis, Mme Verstraeten a accédé au poste de présidente et chef de la direction de BNP Paribas Canada au début d'octobre.

Profil tout désigné

En tant que spécialiste du financement d'entreprises dans le secteur de l'énergie, Mme Verstraeten avait le profil tout désigné pour prendre les commandes de la filiale canadienne qui veut désormais se concentrer sur ce secteur névralgique de la Bourse canadienne.

Originaire de Gand, dans le nord de la Belgique, Mme Verstraeten a travaillé à New York, dans les années 80, où elle a d'abord veillé aux intérêts des sociétés belges en sol américain, pour ensuite faire du financement auprès des sociétés américaines.

Elle a aussi travaillé à Singapour et à Londres, où elle s'est notamment occupée des plus importants clients anglais de Fortis, dont plusieurs multinationales des ressources naturelles, comme Shell. Un univers qui la passionne.

«Les matières premières, c'est vital dans le monde d'aujourd'hui, dit-elle. Avec le développement des pays BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), les ressources naturelles sont fortement en demande et elles définissent le succès des économies comme le Canada.»

Mme Verstraeten s'est donc réjouie de l'acquisition de Fortis par BNP Paribas qui est un chef de file mondial dans le financement pour le secteur de l'énergie et des matières premières. C'est aussi l'un des secteurs sur lesquels la filiale canadienne mise depuis sa réorganisation en 2009.

Dans le cadre de cette restructuration, près de 70 personnes avaient d'ailleurs été remerciées par BNP Paribas Canada, dont une cinquantaine à Montréal, où se trouve son siège social. Aujourd'hui, la banque compte environ 200 employés, dont près des trois quarts sont à Montréal.

«On a quitté le marché des petites sociétés et de celles de taille moyenne. Nous ne sommes pas équipées comme les banques canadiennes pour desservir cette clientèle. Le recentrage était logique», assure Mme Verstraeten.

Autres cibles

Outre l'énergie, BNP Paribas Canada cible aussi les institutions financières et les grands groupes canadiens qui ont des besoins à l'international. La société mise aussi sur les projets d'infra-structures. Elle a d'ailleurs pris part au financement du futur hôpital de l'Université McGill.

Le recentrage de BNP Paribas Canada n'avait rien à voir avec l'intégration de Fortis. Au contraire, cela a permis au groupe d'inclure l'ancien bureau de Fortis à Calgary, fort en énergie, où BNP n'était pas présente.

Pour l'occasion, la filiale canadienne a aussi reçu une injection de capital de 187 millions de dollars, amenant son capital à près de 1 milliard de dollars.