Le secteur financier britannique accroît la pression sur le gouvernement du conservateur David Cameron pour sauvegarder ses intérêts dans un contexte d'austérité généralisée, multipliant les menaces de délocalisation à l'étranger s'il n'obtient pas gain de cause.

Vendredi, la municipalité de la «City of London» - qui gère le quartier d'affaires historique du coeur de Londres - a joint sa voix aux nombreux cris d'alarme des derniers jours.

Dans un rapport consacré à «l'imposition du secteur financier au Royaume-Uni», elle a estimé urgent d'abolir ou de revoir une série de mesures prises à partir de 2005 par l'ex-gouvernement travailliste qui menaceraient l'avenir de la place londonienne, la première d'Europe.

Ce rapport est publié au moment où les banques sont dans le collimateur de la presse et de la classe politique, sur lesquelles le retour de gros bonus dans le secteur bancaire a agi comme un chiffon rouge.

Craignant la réaction de l'opinion publique, deux ans après la crise financière qui a contraint l'État à injecter des dizaines de milliards d'euros d'argent public dans des banques au bord du naufrage, M. Cameron a promis d'empêcher le retour aux excès du passé grâce à une meilleure régulation.

Son parti, traditionnellement proche des milieux d'affaires, s'est engagé «à refaire du Royaume-Uni un pays favorable aux entreprises». Mais il veut aussi montrer que l'austérité s'applique à tous et doit composer avec son allié libéral-démocrate, membre de la coalition gouvernementale et particulièrement vigilant sur le sujet.

La City a repris dans son rapport un des arguments massues du secteur: il pèse 10% du Produit intérieur brut britannique et emploie un million de personnes, dont plus de 300 000 à Londres.

Toujours selon la City, Genève, Dublin ou Amsterdam sont désormais plus attractives que Londres, sans parler de Singapour ou de Hong Kong.

Le rapport se félicite de la décision du gouvernement de ramener le taux d'imposition des sociétés de 28 à 24%. Mais il déplore le maintien du taux d'imposition des particuliers (50% sur la tranche supérieure) qui fait de la Grande-Bretagne «un pays comparable à la France ou l'Allemagne».

La City a assorti sa démonstration d'une liste de neuf sociétés ayant récemment transféré pour des raisons fiscales tout ou partie de leur siège, comme les fonds d'investissement Blue Crest et Brevan Howard, partis à Genève.

Des banques comme HSBC ou Barclays, considérées comme de véritables institutions nationales, ont quant à elles menacé de délocaliser leurs sièges en Asie en cas de nouvelles règles trop contraignantes.

Lundi, c'était au tour du numéro un du patronat britannique, Richard Lambert, de voler au secours des banquiers, en jugeant «irresponsables» les critiques dont ils font l'objet de la part des hommes politiques.

«Comprennent-ils que si le Royaume-Uni veut rester un centre financier de premier ordre, il lui faudra retenir des gens qui sont payés horriblement cher? Et comprennent-ils le risque qu'il y a à imposer des règles unilatérales dans une industrie qui est totalement mondiale?».

Quant à l'Association des banquiers britanniques (BBA), elle s'est alarmée d'une fuite des cadres bancaires hors d'Europe si une harmonisation n'était pas imposée à l'échelle mondiale sur l'encadrement des bonus. Une manière, selon la presse, de réclamer l'enterrement des projets en cours.